samedi 24 janvier 2015

Musée d'Arles Antique : envoyez vos photos !


                                        Quand on aime, on a toujours vingt ans... Vingt ans, c'est justement l'âge du Musée départemental d'Arles Antique. Vingt ans que sont regroupés dans ce bâtiment ultra-moderne posé au bord du Rhône quelques-uns des plus beaux témoignages archéologiques régionaux, et que le Musée ne cesse de se renouveler en exposant par exemple son célèbre buste de César ou plus récemment l'épave d'un vaisseau découvert au fond du fleuve. L'institution est rapidement devenue un lieu incontournable, accueillant depuis son ouverture plus de deux millions de visiteurs venus découvrir ses trésors au gré d'expositions événementielles ou au fil des collections permanentes qui révèlent le quotidien de la province romaine de la Narbonnaise.

                                        C'est donc un anniversaire très particulier, auquel vous êtes tous conviés à participer au travers d'une initiative originale et vraiment sympathique : une expo photo dont vous êtes les héros ! Le musée sollicite en effet le public et lance une grande collecte photographique en vue d'une exposition joliment intitulée "L'antique e(s)t nous", prévue au printemps 2015.







                                        Vous voulez être de la fête ? Rien de plus simple : il vous suffit de fouiller dans vos albums de famille et d'en extraire les photos vous montrant à côté d'un monument antique ou d'un site archéologique du pourtour méditerranéen. De Rome à Athènes, de Pétra à Carthage, d'Alexandrie à Naples, en passant par Syracuse, Tarragone ou Mérida - mais Nîmes, Fréjus ou une bonne vieille borne milliaire, ça marche aussi. L'idée est moins de montrer ces vestiges que d'illustrer la manière dont ils s'intègrent dans notre vie : comment ils s'inscrivent dans des paysages qui nous sont familiers, comment ce prestigieux passé s'insère dans notre quotidien, comment encore nous nous l'approprions comme décor de nos souvenirs les plus anodins (le pique-nique dans les arènes de Cimiez) ou les plus émouvants (photos de voyage, de mariage, etc.) Collision inattendue de deux passés, notre histoire personnelle se superpose à l'Antiquité lointaine qui a façonné notre culture et notre société.

                                        A titre personnel, je vous avoue que je trouve l'idée aussi émouvante qu'amusante. Émouvante parce que perce parfois un sentiment doux-amer, l'illustration du Carpe diem cher à Horace. D'une certaine manière, la confrontation de l'instant éphémère ainsi capturé et des vestiges d'une civilisation disparue symbolise ce vain désir de retenir le temps qui passe, de capturer les moments heureux avant qu'ils ne s'enfuient. Mais amusante aussi, parce qu'on a tous posé à côté du Colisée ou devant les Arènes, fier comme Artaban et en se prenant un peu pour le Roi du monde ! Ces sentiments mêlés, cet enchevêtrement de nostalgie et de joies ressuscitées : voilà les moments de vie qui représentent cet Antique e(s)t nous.


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  Françoise Denise Éphèse 1971


                                        Après l'envolée lyrique, soyons pragmatiques ! Pour participer, dépêchez-vous car vous n'avez que jusqu'à la fin du mois. (N.B. : J'avais précisé que seules les photos argentiques étaient acceptées : c'était une erreur, vous pouvez vous lâcher et envoyer du numérique !!) Plusieurs solutions s'offrent à vous :
  • Numérisez vos photos de famille et envoyez-les par courriel à 20ans.mdaa@cg13.fr (Un seul cliché par envoi.)
  • Déposez-les à l’accueil du musée ou dans une des bibliothèque du réseau de la bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône (liste sur Internet)

Dans tous les cas, il vous faudra remplir une fiche d'informations (lieu, date, etc.) et une autorisation d'utilisation. Ces deux documents sont disponibles dans les points de collecte et sur le site du Musée ( www.arles-antique.cg13.fr)


Pour tout renseignements :  04 13 31 51 53 / 20ans.mdaa@cg13.fr

dimanche 4 janvier 2015

Zodiaque et mythologie. (Partie 2.)

                                        Deuxième partie de notre tour du zodiaque et des mythes attachés aux différents signes. Reprenons-là où nous en étions restés : après la Vierge vient la Balance, ce qui  tombe d'autant mieux que les deux symboles sont étroitement liés...


La Balance.


                                        C'est le seul symbole inanimé du zodiaque. Deux récits sont généralement évoqués en ce qui concerne cette constellation. Dans le premier cas, on considère que la Balance est un prolongement de la constellation de la Vierge, et qu'il s'agit de l'attribut de la Déesse de la justice Astrée.

                                        On reste dans la famille avec la seconde légende, qui rattache la Balance à Thémis, la mère d'Astrée. Déesse archaïque, elle est l'une des premières épouses de Zeus et, selon Homère, elle est surtout la personnification de l'ordre établi et des lois. Présidant aux délibérations des Dieux et des hommes, elle assure l'équité des décisions ; elle tient dans ses mains une épée et une balance, et elle est représentée les yeux bandés pour illustrer son impartialité. Au passage, notons que c'est sous le règne de la Balance que se produit l'équinoxe d'automne, où jour et nuit sont de la même durée.

Thémis, symbole de la justice. (Parlement de Bourgogne, cour d'appel de Dijon © Dicom - J. Jaunet.)


Le Scorpion.


                                        Le signe du Scorpion est toujours associé à la figure d'Orion, mais on rencontre plusieurs légendes pour expliquer sa présence au sein du zodiaque. Fils de Poséidon, de Zeus, ou d'un paysan qui accueillit les Dieux de l'Olympe, Orion est en tous cas un géant d'une grande beauté. Un des mythes veut qu'après bien des péripéties, il soit devenu chasseur auprès d'Artémis. Mais sous le charme, Eos l'enlève, provoquant la fureur d'Artémis qui tue Orion d'une flèche. Pour d'autres mythographes, la mort d'Orion est accidentelle : Apollon, jaloux d'Orion, défie sa sœur de planter sa flèche dans un point émergeant de la mer : elle y parvient, mais c'était en fait la tête d'Orion qui faisait trempette ! Troisième version : Orion ayant tenté de violer Artémis, la Déesse fait sortir de terre un scorpion qui lui inflige une piqûre mortelle.

                                        Enfin, une nouvelle légende raconte une autre version de la mort d'Orion, mettant cette fois en scène Héra. Chasseur émérite, le géant ne cesse de crâner et d'étaler ses exploits. Ce qui irrite fortement Héra, bien décidée à enseigner l'humilité à ce vantard... Elle demande donc à un scorpion de se planquer dans les fourrés, et de piquer Orion lorsque celui-ci passera à sa portée : empoisonné par le venin, Orion tombe raide mort - terrassé par une bête minuscule, quand il a tué les fauves les plus féroces.

                                        Quoi qu'il en soit, le scorpion est transformé en constellation pour services rendus. Et Orion aussi, par la même occasion : juste à côté du scorpion, la constellation qui porte son nom semble fuir pour l'éternité la piqûre de l'insecte fatal...


"Diane auprès du cadavre d'Orion." (Toile de  Daniel Seiter - Musée du Louvre.)


Le Sagittaire.


                                        Il s'agit d'un centaure - mais pas de n'importe lequel. En règle général, les centaures sont des créatures assez peu recommandables : ces êtres au corps de cheval et à buste humain sont violents, bas du front, portés sur la bouteille et ils se nourrissent de chair crue. Exceptions dans cette bande de sauvages débridés, Pholos et Chiron se distinguent par leur bonté et leur sagesse. C'est le second qui nous intéresse ici. Contrairement aux autres centaures, il est le fils de Cronos et de l'Océanide Philyra - il doit son étrange forme au fait que son père, pour l'engendrer, se soit changé en cheval. Élevé par Artémis et Apollon, Chiron apprend l'art de la médecine et de la chasse, dispensant ensuite son immense savoir auprès d'élèves aussi renommés que Jason, Castor et Pollux, Ulysse, Nestor, Achille ou Asclépios (Dieu de la médecine).

                                        Mais Chiron est accidentellement blessé par Héraclès : lors d'un combat l'opposant aux autres centaures, le Héros lui tire dans la cuisse une flèche imprégnée du sang de l'Hydre de Lerne. Immortel de naissance, Chiron est condamné à souffrir éternellement à cause du poison, mais il obtient des Dieux l'autorisation d’offrir son immortalité à Prométhée et peut expirer en paix. Zeus lui accorde une place dans les Cieux, sous la forme de la constellation du sagittaire, pour rendre hommage à ses nombreux talents et à sa bonté. 



Achille éduqué par Chiron. (Fresque d’Herculanum - Musée archéo de Naples - via wikipedia.)


Le Capricorne.


                                         Ici aussi, les mythographes avancent plusieurs hypothèses. Pour certains, le capricorne serait Égipan, faune ayant aidé Zeus à récupérer ses tendons, volés par le monstre Typhon. Fuyant l'horrible créature, Égipan aurait plongé dans la mer, se transformant en être mi-chèvre, mi-poisson. J'aurai l'occasion d'y revenir, puisque je compte bientôt consacrer quelques lignes à ces Égipans.

                                        Mais le plus souvent, on rapproche le capricorne d'Amalthée, nourrice de Zeus. Le père du Dieu, Cronos, a la fâcheuse habitude de dévorer ses enfants pour éviter que ceux-ci ne l'évincent de son trône. Heureusement sa mère, Rhéa, parvient à le soustraire à son cruel géniteur : elle l'emporte sur le mont Ida où elle le confie à Amalthée. Dans les traditions archaïques, Amalthée est la nymphe qui recueille le divin nourrisson; dans d'autres versions, il s'agit de la chèvre qui l'allaite.

                                        Nymphe ou chèvre, Amalthée veille consciencieusement sur le divin bambin, réunissant par exemple autour de lui danseurs et chanteurs, dont le tapage couvrent les pleurs et les cris du bébé. Mais l'enfant est tellement robuste qu'un jour, il brise accidentellement une corne de la chèvre  ! Confus, Zeus l'offre aux nymphes en leur promettant qu'elle se remplira désormais de tout ce qu'elles désireront : c'est la corne d'abondance. Quant à la chèvre Amalthée, son dévouement lui vaut une place au firmament.


"Zeus allaité par la chèvre Amalthée." (Le Bernin - Rome, galerie Borghèse.)


Le Verseau.

                                        A consommer avec modération puisqu'à l'origine, le Verseau ne  verse pas que de l'eau... Le signe représente en fait Ganymède, fils de Tros et de Callirhoe, descendant direct de rois troyens. Il est surtout réputé pour sa remarquable beauté qui charme tous les Dieux, et Zeus en premier lieu. Un jour, alors que le jeune adolescent surveille le troupeau de son père, le Dieu se change en aigle et le prend entre ses serres, l'enlevant sur l'Olympe. Là, devenu immortel, Ganymède remplit la fonction d'échanson et verse aux Dieux hydromel et ambroisie.

                                        Si Tros est assez mécontent de voir son fils ainsi kidnappé par Zeus, il finit par s'apaiser en recevant la visite d'Hermès, envoyé en médiateur. Le négociateur lui vante les avantages de la nouvelle situation de Ganymède (immortalité, poste de prestige, etc.) et lui offre en compensation des chevaux capables de courir sur l'eau, un cep de vigne et une coupe en or. L'irascible Héra est plus difficile à calmer : folle de jalousie, elle ne cesse de harceler son époux qui, de guerre lasse, éloigne Ganymède en le plaçant dans le ciel, sous la forme de la constellation du Verseau. Ce qui n'empêchera pas Héra d'ourdir le complot conduisant à la guerre de Troie et à la destruction de la patrie de son rival.

"L'enlèvement de Ganymède". (Toile de Pierre-Paul Rubens, Musée du Prado, Madrid.)

Les Poissons.


                                        Il est temps de conclure avec les Poissons. Et à signe double, double légende ! Le premier mythe met en scène Typhon. Nous avons déjà parlé de cette terrible bestiole, mais sachez que Typhon est un monstre effrayant, au corps couvert d'écailles et dont les cent gueules vomissent du feu, engendré par Gaïa pour attaquer les Dieux de l'Olympe.  Du coup, on comprend la panique d'Aphrodite et d Éros, qui voient surgir la créature devant eux : affolés, la mère et le fils se jettent dans la mer, se transformant en poissons pour fuir leur ennemi. (Selon une autre version, ce sont des dauphins qui les transportent de l'autre côté de la mer.)

                                        Le second mythe rapporte l'histoire d’Amphitrite, fille de Nérée. Alors qu'elle danse avec ses 49 sœurs près de l'île de Naxos, Poséidon l'aperçoit et en tombe amoureux. Mais la belle se refuse à lui et prend la poudre d'escampette, se réfugiant aux confins des océans. Un dauphin la retrouve, l'enlève, et la ramène auprès de Poséidon qui l'épouse. Quant au cétacé, on le remercie en le plaçant au nombre des constellations.


Amphitrite et Poséidon. (Mosaïque du IVème s; - Musée du Louvre.)



                                        Voilà ! Vous ignorez toujours si vous tomberez amoureux ou si vous aurez une promotion en 2015, mais vous savez au moins quel mythe antique est associé à votre signe zodiacal. A défaut de prédiction, je vous souhaite quand même une excellente année, la tête pleine d'étoiles et de récits mythologiques...


Petite pause pour la Toge et le Glaive - qui revient d'ici peu. Pas de vacances pendant les fêtes, mais maintenant, on récupère des agapes et des orgies romaines !