dimanche 9 mars 2014

Locuste, Meurtière En Série A L'Antique.

                                        S'il est un personnage qui fait les beaux jours de la fiction, c'est bien le tueur en série : on ne compte plus les livres, films et séries TV relatant leurs "exploits". Cette surreprésentation des serial killers dans la fiction dénote la fascination qu'ils exercent sur le public. La plupart du temps, fort heureusement, il s'agit d’antihéros (ou de héros, parfois...) créés de toute pièce.  Mais pour un sympathique Dexter, serial killer de serial killers, nombre de ces œuvres s'inspirent directement de véritables assassins. Au hasard : "Henry : Portrait Of A Serial Killer", "Psychose", "Le Silence Des Agneaux"... Un peu flippant quand même !

Dexter, le plus sympathique des tueurs en série. (© Showtime)

                                        Pour commencer, une petite précision s'impose : qu'est-ce qu'un tueur en série ? Le "Manuel de Classification Des Crimes" du FBI retient cette définition : "Meurtre en série : deux évènements distincts minimum, dans deux lieux différents minimum, avec une période de répit émotionnel entre les homicides." Définition encore trop vague puisque, dans ce cas, les soldats appartiendraient à cette catégorie... Il faudrait donc se pencher sur les motivations des tueurs en série - ce qui n'est pas l'objet de cet article.

Jack L’Éventreur, jamais arrêté.

L'objet de ce billet, justement : quelle mouche me pique donc, pour que j'aborde le thème des tueurs en série sur un blog consacré à l'Antiquité romaine ? Tout simplement, je voudrais vous présenter celle que l'on considère souvent comme la première tueuse en série référencée dans l'Histoire, à savoir Locuste. Posez la question autour de vous, et vous verrez que le commun des mortels (sans mauvais jeu de mots) considère souvent que le premier tueur en série s'appelle Jack l’Éventreur. Ce célèbre tueur de prostituées, qui sévissait à l'époque victorienne et n'a jamais été identifié, a fait l'objet d'un nombre incalculable de livres et de films. Pourtant, il est loin d'être le premier...




Portrait probable de la Comtesse Bathory (XVIème Siècle.)
Au cours de l'Histoire, on a surtout retenu le nom et les crimes des serial killers issus des couches sociales les plus élevées, sans doute parce que leur pouvoir et leur statut leur donnaient la possibilité de laisser libre court à leurs pulsions meurtrières à grande échelle, sur des laps de temps relativement étendus, sans avoir à rendre compte de leurs actes. C'est le cas du compagnon de Jeanne d'Arc, Gilles de Rais, de Vlad l'Empaleur qui a inspiré le personnage de Dracula ou encore d'Erzebeth Bathory, comtesse hongroise tristement célèbre. Plusieurs siècles avant eux, le premier tueur en série de l'Histoire serait un chinois, Liu Pengli (environ 144 avant J.C.), issu de la famille royale des Han. Tueur psychopathe, Pengli écumait son royaume à la tête de bandes armées pour massacrer ses sujets, faisant des centaines de victimes simplement pour son plaisir. Dénoncé à son cousin l'Empereur, il sera finalement déchu de ses titres et contraint à l'exil. Mais celle qui nous intéresse aujourd'hui, c'est donc cette Locuste, empoisonneuse agissant sous les ordres de l'Impératrice Agrippine, puis de son fils Néron


                                        Locuste est née au cours du Ier siècle, en Gaule. On ne sait pratiquement rien des premières années de son existence mais, issue d'une famille de paysans, elle a vraisemblablement appris très tôt les propriétés des plantes et les usages que l'on pouvait en faire... On prétend que, à l'instar du roi Mithridate, elle ingurgitait chaque jour de petites quantités de poison, afin de s'immuniser contre leurs effets. L'usage du poison dans l'Antiquité  était assez fréquent, même à Rome où la Loi Julia punissait sévèrement les assassinats et les empoisonneurs. Des plantes comme la pruche et la belladone étaient par exemple connues pour leurs effets meurtriers.

                                        Lorsque Locuste s'installe à Rome, elle ouvre sur le Palatin une officine vendant poisons et élixirs de toutes sortes. Elle ne met pas longtemps à comprendre que la capitale impériale n'est rien d'autre qu'un nid de vipères, où l'ambition le dispute à la rancœur. Si on la consulte aussi pour se procurer des médicaments ou des aphrodisiaques, nombreux sont ceux qui souhaitent hâter le trépas d'un riche parent, éliminer un rival en affaires, ou se débarrasser d'un conjoint encombrant. Et Locuste sait comment exaucer leur souhait, qui plus est de telle sorte que le décès passe pour être de cause naturelle. Grâce à ses connaissances en pharmacologie, elle devient une empoisonneuse professionnelle. Souvent arrêtée pour ses activités, elle n'est cependant pas inquiétée, en dépit de nombreuses accusations passibles de la peine de mort : certains de ses clients sont suffisamment puissants et influents pour la protéger et la faire libérer. Lorsqu'elle est finalement condamnée à mort, elle est sauvée par l'Impératrice Agrippine, en échange de ses services... C'est du moins ce que prétend Tacite.

Néron et Agrippine. (Aphrodisias Museum. © Leon Mauldin.)

                                        Vers l'an 54 donc, Locuste est convoquée dans le plus grand secret auprès d'Agrippine. Agrippine, ce n'est pas n'importe qui : quatrième épouse de son oncle, l'Empereur Claude, les mauvaises langues murmurent qu'elle a empoisonné son précédent époux. Elle ne fait pas mystère de ses ambitions : porter son fils Néron, issu d'une union précédente, au pouvoir. Elle a déjà convaincu Claude de l'adopter, et de lui donner la préséance sur son propre descendant, son fils Britannicus. Mais depuis quelques temps, elle sent bien qu'elle perd de son influence et que Claude commence à envisager de rétablir son fils légitime dans ses droits. Aussi s'en remet-elle à Locuste, dont elle a eu vent des activités. Pour dire les choses clairement, Claude doit mourir, et vite.

                                        Par chance, l'homme de confiance de Claude et l'implacable ennemi d'Agrippine, l'affranchi Narcisse, tombe malade et doit s'éloigner de la cour : l'occasion est trop belle.
"Agrippine, dont le crime, résolu depuis longtemps, avait des ministres tout prêts, saisit avidement l'occasion. Le choix du poison l'embarrassait un peu: trop soudain et trop prompt, il trahirait une main criminelle; si elle en choisissait un qui consumât la vie dans une langueur prolongée, Claude, en approchant de son heure suprême, pouvait deviner le complot et revenir à l'amour de son fils. Il fallait un venin d'une espèce nouvelle, qui troublât la raison, sans trop hâter la mort. On jeta les yeux sur une femme habile en cet art détestable, nommée Locuste, condamnée depuis peu pour empoisonnement, et qui fut longtemps, pour les maîtres de l'empire, un instrument de pouvoir." (Tacite, "Annales", XII - 66.)
Denier à l'effigie de Claude et Agrippine.

                                        Mais il y a un hic : l'Empereur est particulièrement méfiant, sans doute précisément à cause de la fréquence des empoisonnements et du nombre de meurtres perpétrés au sein de sa propre famille.
"Nul ne fut plus peureux et plus méfiant que lui. Dans les premiers jours de son règne, quoiqu'il affectât, comme nous l'avons dit, beaucoup de popularité, il n'osa jamais s'aventurer dans un repas sans être entouré de gardes armés de lances, et sans avoir des soldats pour le servir. Il ne visitait point un malade sans qu'on eût auparavant exploré la chambre, examiné les matelas et secoué les couvertures.  Dans la suite il eut toujours auprès de lui des esclaves chargés de fouiller avec une extrême rigueur tous ceux qui l'approchaient." (Suétone, "Vie de Claude", XXXV.)
                                        Le plan n'est donc pas facile à mettre à exécution. Sauf qu'il en faut plus pour décourager Agrippine et Locuste, qui finissent par trouver la parade. Les deux femmes empoisonnent une bonne portion de cèpes, champignons dont ce goinfre impénitent de Claude raffole. Les sources divergent quant au déroulement du meurtre :
"On convient qu'il périt par le poison. Mais quand et par qui fut-il présenté? C'est un point sur lequel on diffère. Quelques-uns disent que ce fut au Capitole, par l'eunuque Halotus, son dégustateur, dans un festin avec les pontifes. D'autres prétendent que ce fut dans un repas de famille, et de la main d'Agrippine elle-même qui l'aurait empoisonné avec des champignons, mets dont il était très friand." (Suétone, "Vie de Claude", XLIV)

Claude. (Musei di Maremma, ©X. de Jauréguiberry)
 
                                        Agrippine a-t-elle soudoyé le goûteur, a-t-elle servi elle-même à son mari le plat empoisonné ? Mystère. On ignore aussi quels furent les effets du poison. Selon certaines hypothèses, une amanite phalloïde - l'un des champignons les plus vénéneux - aurait été mélangée aux cèpes. D'autres symptômes font davantage penser aux effets d'une dose massive d'arsenic. Voici en tous cas ce que rapporte Suétone :
"On ne s'accorde pas non plus sur les suites de l'empoisonnement. Beaucoup de personnes soutiennent qu'immédiatement après avoir avalé le poison, il perdit la voix, fut en proie à des douleurs atroces pendant toute la nuit, et mourut au point du jour. Selon d'autres, il s'assoupit d'abord, et dégagea son estomac trop chargé; puis on lui donna une seconde dose de poison. Mais on ne sait pas bien si ce fut dans un potage, sous prétexte de lui faire reprendre des forces, ou dans un lavement qu'on lui administra comme pour lui procurer une évacuation." (Suétone, "Vie de Claude", XLIV.)
                                        Tacite rapporte la seconde version : souffrant de crampes d'estomac, Claude est pris de vomissements et rend son dîner. Agrippine panique : si cet abruti de Claude survit et comprend qu'elle a tenté de le tuer, c'en est fini d'elle, pour ne rien dire des ambitions qu'elle nourrit pour son fils. Maintenant qu'on a commencé, il faut aller jusqu'au bout ! Heureusement, Locuste a tout prévu, et lui a diligemment fourni une plume imprégnée d'un deuxième poison. Avec le calme qui la caractérise, Agrippine joue donc les épouses empressée : son tendre époux aurait-il mangé quelque chose qui le rendrait malade ? Vite, elle fait venir le médecin personnel de l'Empereur et le soudoie : sous prétexte de faire à nouveau vomir le malade pour le soulager, celui-ci lui enfonce dans la gorge la plume empoisonnée et achève le travail. Le 13 Octobre 54, Claude expire et Néron devient Empereur à l'âge de 16 ans. Agrippine peut exulter. Quant à Locuste, elle est arrêtée, jetée en prison et (encore) condamnée à mort... Belle récompense en vérité !


Pièce de bronze à l'effigie de Claude et Britannicus.


                                        Toutefois, elle n'y reste pas longtemps. En 55, la position de Néron a la tête de l'Empire est encore fragile. Il se sent menacé par le fils de Claude, Britannicus, qui compte de nombreux partisans au sein de l'état et est en âge de revendiquer le pouvoir. Pire : Néron est maintenant en conflit avec sa mère, qui laisse entendre à demi-mots qu'elle pourrait soutenir Britannicus et renverser à son profit son propre fils. Bon sang ne saurait mentir : ayant appris l'existence de Locuste, Néron fait appel à elle afin d'empoisonner son frère adoptif.

                                        La première tentative échoue. Le poison utilisé est trop faible, et il agit trop lentement : Britannicus est simplement prit de diarrhée. Néron, furieux, menace d'exécuter Locuste pour son incompétence et la somme de préparer un second poison sous ses yeux. Elle sait que cette fois, elle n'a pas le droit à l'erreur...
"Il la força de préparer, dans sa chambre et en sa présence, le poison le plus rapide et le plus efficace. Ensuite, on l'expérimenta sur un chevreau qui ne mourut qu'au bout de cinq heures. On le fit cuire et recuire, et on le donna à un porcelet qui périt sur le champ." (Suétone, "Vie de Néron", XXXIII.)
                                        Le 11 février 55 au soir, au cours d'un dîner, alors que le vin a été servi aux convives et diligemment éprouvé par les goûteurs, Britannicus en prend une gorgée et se plaint que la boisson est trop chaude. Un esclave ajoute donc un peu d'eau froide dans le verre du jeune homme - et c'est précisément dans l'eau que Locuste a versé, avec une intelligence et une perversité qui forcent l'admiration, son poison. Parce que, franchement : à la place de Britannicus, auriez-vous pensé à faire goûter l'eau ?!!

"L'empoisonnement de Britannicus." (François Chauveau)

                                        Immédiatement, le malheureux jeune homme est prit de convulsions. Néron, loin d'envoyer chercher du secours, rappelle calmement aux autres invités que son frère adoptif est souvent sujet aux crises d'épilepsie, et qu'il n' y pas lieu de s'affoler. Mais personne n'est dupe et les commensaux, terrifiés, n'osent pas intervenir tandis que Britannicus meurt sous leurs yeux. Agrippine, surtout, a parfaitement pris la mesure de la situation. Elle sait bien à quel jeu joue son fils - c'est elle qui en a inventé les règles - et surtout quelles sont les raisons qui l'ont poussé à se débarrasser de son rival. Elle sait aussi qu'elle a toutes les chances d'être la prochaine victime de Néron. Mais, toujours maîtresse d'elle-même, elle garde pourtant son sang-froid et termine tranquillement son repas, comme si de rien n'était, sans laisser apparaître le moindre signe de peur.

                                        La nuit même, Britannicus est inhumé à la va-vite, afin de couper court aux rumeurs. Bien sûr, la précipitation avec laquelle on incinère le pauvre garçon a exactement l'effet inverse, et les commérages font vite le tour de Rome. Peu importe, puisque personne n'est assez courageux ou assez fou pour s'opposer à Néron. En l’occurrence, de nombreux médecins modernes mettent en doute l'existence, au premier siècle, d'un poison capable de provoquer une mort instantanée. Certaines hypothèses rejoignent même l'assertion de Néron et envisagent très sérieusement que Britannicus ait bien été victime d'une crise d'épilepsie. D'autres en revanche voient dans ses symptômes les effets d'une plante sarde, aujourd'hui connue sous le nom de... Sardonia Locusta !  (D'où le nom.)

La Mort de Britannicus. (Œuvre de JadeAbuse via DeviantArt.)

                                        Les historiographes, eux, ne se posent guère la question et rapportent que Néron, satisfait de la prestation de Locuste, la récompense en lui offrant des terres, de l'argent et, évidemment, l'amnistie pour tous ses crimes. Il lui aurait même envoyé des "clients", et lui aurait suggéré de créer sa propre école afin de transmettre son savoir sur les herbes et les toxines, et former ainsi des disciples - empoisonneurs ! Forte de ses privilèges et protégée par l'Empereur, jouissant d'une réputation toujours grandissante, Locuste ne cesse, dans les années qui suivent, d'exercer son art et de s'enrichir. On lui impute ainsi près de 10.000 meurtres (!), nombre certainement très exagéré.

"Locuste, en présence de Néron, teste un poison sur un esclave." (J.N. Sylvestre.)

                                        Par ailleurs, l'historien Robert Ambelain soulève une hypothèse curieuse mais non dénuée d’intérêt : il suggère dans son livre "La Vie secrète de saint Paul", qu'Agrippine aurait ordonné à Locuste de préparer à l'intention de Néron un poison sensé le rendre fou et donc inapte à gouverner, afin de pouvoir le destituer. Néron n'aurait absorbé qu'une petite dose de la toxine, et en aurait gardé des séquelles expliquant son comportement et ses déséquilibres mentaux. Belle théorie, mais que rien ne vient étayer et à laquelle, personnellement, je ne crois pas. Cela dit, avec des énergumènes comme ces trois-là, on peut tout imaginer !


"La Mort de Claudius Caesar Nero" (Konstantin Jegorowitsch Makowski.)
 
                                        Lorsque vous êtes connue pour être l'empoisonneuse attitrée d'un Empereur qui s'est mis à dos toute l'armée et tout le Sénat romain, il ne sert à rien de réactualiser votre c.v. : votre espérance de vie est considérablement réduite si votre patron vient à être déposé. C'est exactement ce qui arrive à Locuste. En 68, les sénateurs sont exaspérés par la cruauté et les extravagances de Néron, les révoltes se multiplient aux frontières de l'Empire et même les prétoriens font défection. Isolé, sans aucun soutien, il est lâché par ses derniers amis : il est déclaré "ennemi public" par le Sénat, et condamné à être mis à mort selon l'ancienne coutume, c'est-à-dire exhibé nu dans les rues de Rome, la tête prise dans une fourche, puis flagellé à mort. En fuite, désespérément seul, Néron se résout à se donner la mort pour échapper à cette fin ignominieuse. Locuste lui aurait alors préparé un poison pour faciliter son suicide mais Néron, craignant de souffrir, n'aurait pas eu le courage de l'utiliser. Incapable de se tuer, il se poignarde à la gorge sans parvenir à finir le travail, et demande finalement à son secrétaire, l’affranchi  Épaphrodite de l'achever. Le 9 Juin 68, il meurt, à l'âge d'à peine 30 ans.

                                        Et Locuste, vous demandez-vous ?! Et bien, elle tente de profiter de l'anarchie générale qui suit la mort de son ancien protecteur et de la guerre civile opposant les prétendants à sa succession pour se faire oublier. Avec une réputation telle que la sienne, c'est peine perdue : sept mois après le suicide de Néron, Locuste est arrêtée. Torturée, elle confesse tous ses crimes et l'Empereur Galba la condamne à mort. Traînée à travers Rome couverte de chaînes, elle est étranglée lors des Agonalia dédiés à Janus, en Janvier 69, et son cadavre est livré aux flammes.

Buste de Galba. (Musée des antiquités Gustav III, Stockholm © Wolfgang Sauber.)

                                        Avec une réputation aussi sulfureuse, il n'est pas étonnant que Locuste ait inspiré de nombreux artistes au fil des siècles et soit souvent citée, à défaut d'avoir été l'héroïne spécifique d'une œuvre. La rareté des sources n'y est sans doute pas étrangère. On la croise toutefois chez des écrivains tels que Racine, M. John Harrison et surtout Alexandre Dumas, qui ne s'est pas privé de la mettre en scène dans son roman "Acté", ou  de la citer dans "Le Comte de Monte-Cristo", avec même un chapitre éponyme. Il la compare à Madame de Villefort et fait dire à l'un  de ses personnages :

"Eh bien, monsieur, vous avez chez vous, dans le sein de votre maison, dans votre famille peut-être, un de ces affreux phénomènes comme chaque siècle en produit quelqu'un. Locuste et Agrippine vivant en même temps, sont une exception qui prouve la fureur de la Providence à perdre l'empire romain, souillé par tant de crimes." (Alexandre Dumas, "Le Comte de Monte-Cristo", LXXX.)
Georges Méliès l'a également choisie comme personnage d'un des premiers péplums de l'Histoire, "Néron et Locuste : un esclave empoisonné.", et de nombreux peintres l'ont représentée en pleine action.

"Néron et Locuste essayant un poison sur un esclave." (Jules Vignon.)

                                        Souvent comparée à la Voisin, célèbre empoisonneuse ayant exercé ses talents sous le règne de Louis XIV, Locuste serait donc l'une des premières tueuses en série de l'Histoire. Et force est de constater qu'elle remplit en effet toutes les conditions décrites plus haut par le FBI. On pourrait opposer la question de ses motivations : après tout, Locuste tirait un avantage financier de ces meurtres, et travaillait apparemment surtout sous les ordres d'Agrippine, puis de Néron. Or, d'après certains historiographes, elle empoisonnait d'abord par pur plaisir : on rapporte ainsi que, lorsqu'un client venait la consulter pour se débarrasser d'un indésirable, elle démontrait l'efficacité de ses produits en empoisonnant sous ses yeux l'un de ses esclaves, qu'elle gardait dans ce but précis...  Je n'ai pas retrouvé le texte, le propos étant tiré de l'essai "Le Scepticisme Moral Pragmatique Du Serial Killer", écrit  par Amanda Howard. De quoi relativiser, finalement, les assassinats d'un Jack L’Éventreur !

                                        Loin d'être le produit de notre époque, les tueurs en série séviraient donc depuis l'Antiquité. On pourrait même se demander si Caligula, par exemple, ne figurerait pas en bonne place dans cette sinistre galerie. Mais pas de quoi paniquer : les serial killers sont beaucoup plus nombreux dans la fiction que dans la réalité. On estime en effet que, sur tous les meurtres commis aux Etats-Unis chaque année, 1% seulement serait le fait de tueurs en série et, statistiquement, vous courrez environ 150 fois plus de risques de mourir de complications liées à la grippe qu'entre les mains d'un meurtrier en série. Voilà qui devrait vous rassurer, et vous permettre de savourer tranquillement votre fricassée de champignons. Avec ou sans verre de Chianti...


Référence, évidemment, au "Silence Des Agneaux"...

6 commentaires:

  1. Bonne accroche ! qui suscite étonnement et curiosité! Dexter chez les Romains….. pourquoi, pourquoi ? je vais donc lire l'article .

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  2. O.K., j'avoue que c'est un peu racoleur ! Mais puisque Locuste est mentionnée dans le livre que je cite sur les tueurs en série, j'assume :-) Et c'est l'occasion de mettre en vedette Dexter - que j'adore !

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  3. Salut FL! Super article, je sollicite ta permission de le citer dans le TPE que je fais sur les tueurs en série, pour ma partie sur les origines.(je peux y joindre ton pseudo, ou ton nom si tu accepte et que tu me le donne)

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  4. Bonjour,
    Évidemment, je t'autorise à me citer (je ne ferai pas de procès :-) )et j'en suis même flattée. C'est déjà très gentil de demander !
    Quant à mon nom, ce n'est pas un secret : FL pour Fanny Lombard. (Zut, je viens de foirer mon identité secrète...)

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  5. XD merci pour tout ça, et t'en fais pas, je ferais disparaître les preuves ;)

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  6. J'espère bien :-) Je m'occupe de planquer les cadavres...

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