Certes, il n'y a pas que des vestiges gallo-romains à Vaison : on y trouve aussi le château féodal des Comtes de Toulouse, une cathédrale du XIIème siècle, une cité médiévale... Mais vous aurez remarqué que ce blog se concentrait sur l'Antiquité romaine : nous allons donc écarter ces sites, pourtant dignes d'intérêt mais qui ne nous concernent pas !
Dans la région, on connaît bien sûr les monuments de Nîmes, Arles, Orange, etc. Le point commun entre tous ces édifices, c'est que se sont des bâtiments publics : la maison carrée, les arènes, le pont du Gard, l'arc de triomphe... Vaison présente la particularité d'offrir au visiteur une plongée dans la vie privée, dans le quotidien de ses anciens occupants. Si l'on peut y visiter les ruines des thermes ou le théâtre antique, on est surtout frappés par les maisons particulières, les boutiques, le quartier des artisans. C'est en cela sans doute que Vaison est un site remarquable, particulièrement émouvant pour ceux qui, comme moi, sont passionnés par cette époque. Déambuler au milieu des ruines, se figurer l'atrium ou les cuisines, imaginer au détour d'une pièce le va-et-vient des esclaves ou les dîners dans le triclinium, mettre ses pas dans ceux du maître de la domus à plusieurs siècles d'intervalle... Sans doute suis-je particulièrement sensible (et d'une imagination plutôt fertile !), mais j'avoue que cela me touche.
Si les premiers signes d'occupations de la région remontent au paléolithique supérieur (10000 avant J.C.), c'est aux alentours de 20 avant J.C. qu'est attesté le développement de Vaison, qui s'organise progressivement en ville gallo-romaine. Baptisée Vasio vocontiorum, elle est l'une des capitales des Voconces lorsque l'administration romaine la transforme en ville fédérée. Elle devient rapidement une riche cité de la Gaule Narbonnaise : en témoigne le nombre de ses édifices publics et des propriétés privées. Aujourd'hui, les vestiges Gallo-romains sont concentrés en centre ville, sur une superficie relativement peu étendue, permettant une visite dans la journée. Ils sont répartis en deux sites : celui de Puymin, et celui de la Villasse.
SITE DE PUYMIN.
C'est dans ce secteur que se situe la plupart des vestiges. C'est également la première étape obligée, puisque c'est à cette entrée que s'achète le billet combiné (8 euros) qui vous permettra d'accéder à l'ensemble des ruines. Outre le musée archéologique, on y trouve la maison à l'Apollon lauré, le sanctuaire à portiques, le théâtre et la maison à la tonnelle.
Maison à l'Apollon lauré. |
Tête d'Apollon lauré. |
La maison à l'Apollon lauré s'étendrait sur près de 2000 m², bien que la proximité de constructions plus récentes empêche de la dégager totalement. La structure de la domus est remarquablement conservée : le couloir conduisant à l'atrium, la chambre, le tablinium (bureau), le péristyle, les latrines, la cuisine... En se promenant au milieu des ruines, il n'est pas difficile de se figurer ce que devait être la vie de ses occupants - d'autant plus qu'on peut y observer des détails tels que l'évier, des restes de marqueterie au sol ou encore le système de chauffage (hypocauste). L'ensemble doit son nom à la statue d'Apollon qui ornait la salle d'apparat située au centre, derrière le tablinium. La domus ouvre au nord sur une rue marchande, où l'emplacement des boutiques est encore visible, de même qu'un large dolium (sorte de jarre géante).
Vous vous demandez sûrement qui est ce type à côté de moi... |
En partant du château d'eau situé plus loin, une galerie creusée dans la roche permet de monter la colline de Puymin pour atteindre le théâtre antique. Construit vraisemblablement au Ier siècle, il aurait été restauré lors du règne d'Hadrien. Abandonné au cours du IVème siècle, il a ensuite servi de carrière - ce qui explique l'absence du mur de scène. Entièrement enseveli, il a été mis au jour en 1907 et restauré vers 1930. Bien que de dimensions plus modestes que celui, voisin, d'Orange (96m de diamètre quand même !), il n'en reste pas moins spectaculaire.
Au centre de ce site qui, ainsi que vous l'imaginez maintenant, regorge de richesses pour n'importe quel fana d'Histoire romaine, se trouve le musée archéologique Théo Desplans dans lequel sont réunis de nombreux objets retrouvés lors des fouilles. Outre les statues représentées dans le sanctuaire aux portiques, vous pourrez admirer celles de Claude ou de Domitien, et de nombreux objets de la vie quotidienne : bijoux, miroirs, outils agricoles, lampes à huile, jeux, osselets, pièces de monnaie... Un laraire ou des pierres tombales assez étonnantes (ainsi, celles représentant des masques de théâtre) voisinent avec une splendide mosaïque figurant, entre autres, des perroquets, des canards et des perdrix, et un superbe paon en son centre. Une agréable manière d'approfondir la visite extérieure - et un passage obligé, de toute façon, si vous désirez emprunter un audioguide. Et je vous y encourage : les commentaires sont intéressants et suffisamment brefs pour vous permettre de boucler la visite avant la nuit... (Ce n'est malheureusement pas toujours le cas : je parle d'expérience !)
Rue marchande. |
Ce second site, situé au Sud-Est de celui de Puymin, permet notamment de découvrir les vestiges des thermes, de la maison du buste d'argent et de la maison au dauphin. Mais en pénétrant dans ce second secteur, on débouche tout d'abord à l’extrémité d'une longue voie dallée, qui était alors une rue bordée de boutiques. Sont encore visibles les bases des colonnes qui soutenaient la galerie permettant d'accéder aux étals. On peut d'ailleurs y remarquer une représentation d'Hermès, Dieu présidant au commerce. Sur la voie elle-même, les dalles inégales permettaient aux charriots de circuler. Au bout de cette allée, une immense arche se détache sur la gauche : elle appartenait aux thermes, dont la plus grande partie se trouve enterrée sous les bâtiments actuels.
Palestre. |
Maquette de la maison au dauphin. |
de l'époque.
LE PONT ROMAIN.
Enfin, cette brève présentation du patrimoine de Vaison-La-Romaine ne serait pas complète sans quelques mots sur le Pont romain qui enjambe l'Ouvèze. Formé d'une arche unique reposant sur les falaises et s'élevant à 10 mètres de hauteur, il est le plus large des ponts antiques subsistant en France (9,50 m). La partie inférieure est assemblée à joints croisés, et les pierres étaient scellées par des agrafes en métal.
J'espère que ces quelques lignes vous auront incité à venir vous-même à Vaison : je ne peux que vous y encourager. Que vous soyez passionnés comme moi ou simplement curieux, vous appréhenderez cette période sous un nouvel angle, en découvrant la vie quotidienne et privée des anciens habitants et vous apprendrez forcément quelque chose. Et si vous n'avez strictement rien à fiche de l'antiquité romaine : 1) que faites-vous sur ce blog ? et 2) ça ne fait rien ! Vous passerez quand même un bon moment : les ruines sont superbes, et la région aussi !
Un dernier mot, pour finir : je profite de mon blog pour saluer les personnes qui m'ont accompagnée à Vaison, et plus particulièrement Elisabeth, qui subit au quotidien mon obsession latine. Je voudrais bien lui promettre que je ne la traînerais plus dans d'interminables visites antiques, mais... je me contenterai de l'embrasser et de la remercier du fond du cœur pour sa patience !
(Toutes les photos sont personnelles.)
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