dimanche 16 décembre 2012

Bonne Lecture : "La Peau de César."

                                        En fouinant dans un vide-grenier, je suis récemment tombée sur un livre dont le titre m'a immédiatement attirée : "La Peau De César". Il s'agit d'un roman de René Barjavel et, une fois assurée en parcourant la quatrième de couverture que le César en question était bien celui auquel je pensais, je me suis empressée de l'acheter. Bon, j'avoue : ce livre ne traite pas vraiment de l'Antiquité romaine, et César ne sert finalement que de prétexte à une intrigue policière. Mais peu importe : même si le lien est ténu, j'ai néanmoins désiré vous en parler.

                                        Une représentation de "Jules César" de William Shakespeare doit être donnée dans les Arènes de Nîmes. Dans le rôle-titre, Faucon, un acteur à la renommée internationale aussi célèbre pour son talent que pour ses nombreuses conquêtes féminines. Or, le matin de la première, un courrier anonyme parvient au commissariat : "CE SOIR LES CONJURÉS TUERONT VRAIMENT CÉSAR." Le commissaire Julien Mary est sceptique, car qui oserait s'en prendre à la star, devant les caméras de télévision et sous les yeux de près de 25 000 spectateurs ?! Mais on n'est jamais trop prudent : aussi se rend-il aux Arènes, afin d'assister à la pièce. Et c'est un triomphe lorsque Faucon s'écroule sous les coups des conjurés, criant de réalisme... Pour cause : il vient vraiment d'être assassiné, sur scène, ainsi que l'avait annoncé la lettre ! Mary enquête, et commence par fouiller et interroger un par un les autres acteurs. Il apparaît vite, au fil des témoignages, que les relations au sein de la troupe sont pour le moins complexes, et que Faucon n'était pas aussi sympathique qu'on aurait pu le croire. Le nombre de ses ennemis n'est pas de nature à raccourcir la liste des suspects : amants et maîtresses délaissés, maris trompés, amis trahis... Autant de mobiles et de coupables potentiels. Lorsque, à la fin de la deuxième représentation, Brutus se suicide sur scène, l'affaire paraît résolue. Mais Mary n'en est pas convaincu... 

                                        Ce livre est le dernier publié par Barjavel, et le seul roman policier qu'il ait écrit. Comme toujours avec cet auteur, l'écriture est d'une fluidité très agréable, l'intrigue alternant avec les dialogues et les monologues des acteurs dans un style simple et sans effets littéraires, mais d'une grande efficacité. Une pointe d'humour vient relever l'ensemble, bienvenue dans une histoire un peu glauque qui, par contre-coup, apparaît plus légère. La trame elle-même est ingénieuse, finalement évidente sans être simpliste - de celle qui vous font dire que, bon sang, vous auriez dû anticiper l'ultime rebondissement, alors que vous n'avez rien vu venir. Néanmoins, l'intérêt principal du récit tient à la mise en abîme, chacun des acteurs répondant à son nom comme à celui de son personnage et les liens entre les différents protagonistes se doublant de ceux tissés entre leurs rôles respectifs. Les faux-semblants et le double jeu et les doubles sens fonctionnent à plein, conférant au récit une incongruité aussi amusante que déstabilisante. Le texte, cela dit, est peu flatteur pour les acteurs ! Mais les spectateurs comme la quasi-totalité des protagonistes en prennent aussi pour leur grade... Et même un final quelque peu grandiloquent ne parvient pas à émousser le plaisir de lecture tant il s'inscrit dans la logique de ce roman "théâtral" à plus d'un titre.

                                        Évidemment, j'ai trouvé un double intérêt dans ce livre - outre celui de plonger dans un bon roman policier. Il y a bien sûr les références à l’œuvre de Shakespeare et la présence de César, Antoine, Brutus et Cassius, mais également le cadre de l'histoire, puisque celle-ci se déroule à Nîmes. J'ai pris un véritable plaisir à arpenter la ville aux côtés des différents personnages, reconnaissant des lieux qui me sont familiers pour les parcourir au quotidien.  En conclusion, je dois admettre que ce polar n'a rien de transcendant, mais il est bien tourné, original et plutôt amusant. Autant de raisons qui m'ont convaincue de lui accorder quelques lignes sur mon blog, afin de vous en suggérer la lecture.



"La Peau De César" de René Barjavel.

Éditions Folio Policier - N°64.

256 pages - 5 € 95.


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