jeudi 14 juin 2012

Bonne Lecture : "La Maîtresse De Rome".


                                        Si vous êtes comme moi, l'été qui arrive marque pour vous l'ouverture de la chasse : la chasse au roman. Que vous ayez toujours un livre à la main ou que vous soyez un lecteur occasionnel, lorsque les vacances approchent, vous avez certainement envie de dénicher LE bouquin que vous glisserez dans votre valise et dans lequel vous vous plongerez dans l'avion, sur la plage, dans un parc, sur la terrasse... ou même chez vous. Peu importe, du moment qu'il s'agit d'un gros pavé au style agréable et simple, relatant une histoire passionnante et dépaysante et qui, sans s'adresser à des débiles légers, ne requière pas d'effort intellectuel démesuré - on est en vacances, et il fait quand même 30°... Bref, le livre avec lequel vous allez passer plusieurs semaines, entre séances de bronzage, sorties en boîte, visites touristiques, apéros entre copains, etc.  Ou pas : en ce qui me concerne, j'ai BESOIN de mon livre de l'été, quand bien même je resterais chez moi, avec ma petite routine. Cette année, je n'ai pas encore choisi mais vous, vous êtes une bande de petits veinards ! Parce que j'ai exactement le roman qu'il vous faut : "La Maîtresse de Rome" de Kate Quinn. (Ben oui, y a Rome au milieu... Mais vous vous en doutiez un peu, non ?!)



                                       Ier siècle après J.C. : orpheline juive rescapée du massacre de Massada, Thea est esclave à Rome. Elle est au service de la jeune Lepida Pollia, noble romaine égocentrique et cruelle qui la méprise et la maltraite. Lorsque Thea trouve l'amour dans les bras du gladiateur Arius le Barbare, elle connaît le bonheur pour la première fois de son existence. Hélas, sa maîtresse s'éprend aussi du combattant : furieuse quand elle découvre l'idylle qui s'est nouée entre les deux amants, elle intrigue pour les séparer. Thea vendue à un bordel de Capoue, Arius se renferme sur lui-même et combat avec toujours plus de sauvagerie, n'en méritant que davantage son surnom. 
                                        Quelques temps plus tard, Lepida Pollia a poursuivi son ascension sociale en épousant un vieux mais riche sénateur, avec lequel elle a une petite fille dont elle ne se soucie guère. Affectant la sage conduite qui sied à son rang, elle mène en réalité une vie de débauche, séduit son beau-fils et ambitionne de finir dans la couche de l'Empereur Domitien. Thea, quant à elle, a eu un fils de sa liaison avec Arius. A Capoue, elle se fait remarquer pour ses talents de chanteuse et de musicienne et, sous le nom d'Athena, elle devient vite la coqueluche de la bonne société romaine. Elle attire l'attention d'un admirateur aussi puissant que dangereux : Domitien lui-même. A nouveau en rivalité avec son ancienne maîtresse déterminée à la perdre, Thea doit aussi affronter l'empereur, personnage complexe, charismatique mais imprévisible, capable de se montrer charmant comme de faire preuve du pire sadisme. Devenue sa maîtresse, Thea voit sa santé mentale vaciller et sa vie menacée : s'engage alors une lutte de tous les instants, un bras de fer implacable entre le maître de Rome et la jeune esclave. Autour de Domitien, les complots se multiplient : le destin de Thea est désormais lié à celui de l'empereur, de plus en plus paranoïaque et cruel. 

                                        Grande lectrice devant l’Éternel, il arrive de temps à autres que je découvre un livre que je suis incapable de lâcher avant la dernière page. Et bien, ce fut le cas avec "La Maîtresse de Rome". Bien évidemment, c'est la période durant laquelle se déroule l'action qui m'a incitée à me plonger dans ce roman : l'empereur Domitien, une esclave, un gladiateur, des nobles romains - je ne pouvais pas passer à côté ! De fait, les fanas de la Rome antique ne seront pas déçus. L'auteur, fille d'un historien et véritable passionnée, sait parfaitement de quoi elle parle. Très bien documenté, extrêmement crédible et précis, l'ouvrage n'a pourtant rien d'un exposé rébarbatif. Pas de termes techniques, pas de longs développements sur le règne de Domitien ni d'interminables notes de bas de page : de la première à la dernière ligne, le lecteur est transporté dans la Rome du Ier siècle, et s'y promène tout au long d'un récit tour à tour haletant, émouvant, palpitant - bref, passionnant de bout en bout. Et c'est bien là tout l'intérêt du livre, dont l'intrigue foisonnante est un mélange d'aventures, d'amour, de luxure, de jalousie, de rivalités, de combats, de complots, et de bien d'autres choses encore. Autant de thèmes universels susceptibles de happer n'importe quel lecteur, même celui qui ne s'intéresse pas vraiment à l'Antiquité.

                                        Autant vous prévenir, ce roman m'a immédiatement évoqué un soap opera ! Le genre d'interminable feuilleton à épisodes qu'on a un peu honte de regarder, mais auquel on devient vite accro et qu'on ne manquerait pour rien au monde. Et, croyez-le ou non, c'est un compliment ! Le livre ferait une excellente série télévisée, et l'écriture, très visuelle, de Kate Quinn renforce cette impression, tout comme les liens et la dynamique existant entre les différents protagonistes. On y retrouve des scènes absolument fantastiques, qu'on n'a aucun mal à se figurer et qui parlent directement à l'imagination, et le roman tout entier est parcouru par un souffle épique magistral, qui entremêle à la perfection scènes d'action, romance et intrigues - de sorte que chacun y trouvera son compte. Comme dans un bon soap, il y a cependant un côté fortement manichéen : les gentils sont très gentils et les méchants, très méchants ! Ce qui n'empêche pas les nuances et les ambiguïtés dans leurs caractères respectifs. Ainsi, cela ne fait finalement qu'ajouter encore au plaisir de lecture. Car comment ne pas ressentir d'empathie pour Thea, héroïne si forte et fragile à la fois, entraînée par le destin jusqu'au plus haut sommet de l'Empire ?! Impossible, aussi, de ne pas être touché par l'amour qui la lie à Arius, le gladiateur taciturne, brisé, ravagé par la vie. Quant à l'insupportable Lepida, je suis prête à parier que vous aurez vite envie de la baffer - je lui aurais volontiers fracassé la tête contre une colonne, à celle-là ! Et que dire de Domitien ?! Personnellement, je n'ai pas pu m'empêcher de frisonner - j'ai rarement vu un personnage aussi malsain, aussi flippant !
                                       Et encore, je ne vous ai parlé que des figures principales ! Car le roman regorge de personnages, tous extrêmement bien décrits, avec une grande profondeur psychologique - à l'exception notable de Lepida, anti-héroïne absolue. Le mélange des personnages fictifs et des personnages historiques sonne particulièrement juste, et l'auteur intègre son récit dans les soubresauts de l'Histoire sans jamais la trahir, se contentant de prendre quelques libertés en imaginant ce qui aurait pu être. Et cela fait toute la différence.

                                        Dans ce roman à la première personne, alternant les points de vue de Thea et Lepida, Kate Quinn est parvenue à recréer tout l'univers du règne de Domitien. Et on s'y croît vraiment, grâce aux nombreuses descriptions, glissées tout au long de l'intrigue : vêtements, bijoux, cadre de vie, paysages, dîners... Tout y est - y compris les combats de gladiateurs, saisissants de réalisme - au point que j'en retenais presque mon souffle ! Bon, je reconnais que le tout est quelque peu prévisible... Qu'importe : j'ai quand même adoré ce livre. Que celui qui n'a jamais tremblé, craint pour la vie d'un héros de série télé tout en sachant qu'il le reverrait la semaine suivante me jette la première pierre !


Kate Quinn.


                                        Bref, vous l'aurez compris : voilà une lecture jubilatoire, un roman génialissime, que j'ai dévoré ! Difficile de croire qu'il s'agit seulement du premier roman de Kate Quinn qui, pour un coup d'essai, réalise un coup de maître. C'est bien simple : j'aurais bien signé pour 500 pages de plus. Cela dit, je vais être exaucée, puisque "La Maîtresse De Rome" est le premier tome d'une série dont la suite devrait être publiée prochainement ("Empress Of The Seven Hills", déjà paru aux USA). Et j'ai également appris récemment l'existence d'un prequel, "Daughters Of Rome"... J'en trépigne d'avance !

                                        Je persiste et signe : ce livre est le roman idéal pour l'été. Je vous envierais presque, vous qui n'avez pas encore plongé la tête la première dans cette saga... Je vous la recommande donc absolument, et je vous garantis que vous allez l'adorer ! Dans le cas contraire, je serais presque prête à vous rembourser... (Ouais, bon. Faut pas déconner non plus...)

"La Maîtresse de Rome" de Kate Quinn. Editions Presses de La Cité, 22 euros - lien.
Pour en savoir plus : le site officiel de l'auteur - lien.

4 commentaires:

Mic a dit…

Merci Fl, je viens de me le procurer chez France Loisirs, et je suis en train de le dévorer. Je le trouve génial, cela me rappelle mes lectures d'enfance, bien que "La maîtresse de Rome" est un roman pour adultes. J'espère que ce genre va retrouver des couleurs, car je suis fatigué des polars qui emplissent constamment les rayons de nos librairies... Un grand moment d'évasion, bref! je retourne à mon roman péplum. Bonne continuation, amitiés MIC.

FL a dit…

Super ! Je suis contente d'avoir pu vous faire découvrir ce livre, et ravie que vous l'appréciez. C'est vrai que ça nous change agréablement des enlèvements, meurtres en série et psychopathes. Quoique, avec Domitien...
Bonne lecture en tous cas !

Marine Lafontaine a dit…

Ça à l'air passionnant ! Je vais l'ajouter à ma liste des livres à acheter ;) Merci pour le conseil !

FL a dit…

J'espère que tu ne seras pas déçue mais, honnêtement, il y a peu de risques ! En tous cas, je n'ai eu que des retours positifs.