dimanche 4 novembre 2012

Qu'est-ce qui fait rire les Romains ? Bonnes blagues antiques.

La maîtresse demande à Toto : "Quand Rome a-t-elle été construite ?
- La nuit, madame !
- Ah bon ?! Et pourquoi ?
- Parce que Rome ne s'est pas faite en un jour !"

O.K., je sors...

                                        Bon, je vous l'accorde : ce n'est pas franchement hilarant. Mais comment voulez-vous rigoler avec l'Histoire romaine ?! Entre ses guerres, ses proscriptions, ses meurtres, ses empereurs psychopathes, ses massacres de chrétiens, ses gladiateurs qui s'entretuent : avouez qu'il y a mieux, pour se fendre la pêche ! Pourtant, les Romains n'étaient pas les derniers pour la gaudriole. Qu'on songe au théâtre de Plaute, aux épigrammes de Martial ou encore aux satires d'Horace : ils suffiront à se convaincre que les Romains avaient le sens de l'humour. Mais nous sommes ici dans le domaine de la littérature. Qu'en était-il de la vie quotidienne ? Qu'est-ce qui faisait rire les Romains ?

Ce que les Romains ont fait pour nous : "Oui, Albert, des scénarios pour des séries TV. Autre chose ?"

                                       Dans ma bibliothèque, il y a un petit livre, intitulé "Philogelos" - soit "celui qui aime le rire". On doit sa découverte à la chercheuse britannique Mary Beard. Rédigé en Grec et datant du IIème ou IIIème siècle, l'ouvrage est pourtant Romain, et il rassemble... des blagues ! 260 histoires drôles, pour être exacte. Et ce qui frappe immédiatement, c'est que la plupart de ces plaisanteries fonctionnent encore aujourd'hui, et que le ressort comique sur lequel elles reposent n'est pas si éloigné de celui qui sous-tend celles que l'on se raconte aujourd'hui. Mieux : nombreuses sont les histoires drôles que l'on retrouve de nos jours, sous une forme quasiment identique ! Seuls changent les protagonistes.  Si près de la moitié de ces histoires raillent les intellectuels, les autres cibles ne manquent pas : les professeurs, les médecins, les philosophes, les avares, les barbiers, les Thraces de la cité d'Abdera, de Kyme ou de Sidon (Pourquoi les habitants de ces villes sont-ils l'objet de moqueries ? Mystère... Mais ils sont l'équivalent de nos Belges.) : tous font les frais de ces plaisanteries, dont l'humour réside dans les stéréotypes, le décalage, l'absurde...

                                        A ce stade, vous voulez certainement des exemples ?! Soit, allons-y ! En voici quelques-unes en rafale, parmi les plus drôles :

  • Un intellectuel se met un bandage au pied, après avoir fait un rêve dans lequel il marchait sur un clou. Un ami intellectuel en apprenant la raison s'écrie : "Pas étonnant qu'on nous traite d'imbéciles ! Quelle idée, aussi, de dormir pieds  nus !"

  • Un homme achète un esclave, qui meurt peu de temps après. Il retourne voir le marchand pour se plaindre : "L'esclave que tu m'as vendu hier, et bien il est mort !". Et le vendeur de s'écrier : "Bin ça alors ! Quand il était chez moi, il ne m'a jamais fait ça !"

  • C’est un intellectuel qui est à court d'argent et qui vend ses livres. Il écrit alors à son père : "J'ai une bonne nouvelles : je commence à vendre des livres !"

  • Deux trouillards se cachent, l'un dans un puits et l'autre dans une mare. Des soldats viennent à passer et font descendre un casque pour puiser de l'eau : le premier croit que c’est un soldat qui descend, se met à supplier qu'on l'épargne, et il se fait prendre. Les soldats lui disent que, s'il n'avait rien dit, ils auraient continué leur chemin sans rien remarquer. Alors, celui qui est caché dans la mare s'écrie : "Si c'est comme ça, continuez sans me remarquer ! Moi, je ne dis rien..."
"C'est une lettre de Romulus et Remus qui me remercient de les avoir nourris... Est-ce que ce n'est pas mignon ?"



  • Un Abdéritain aperçoit un eunuque en grande discussion avec une femme. Il demande à son voisin s'il s'agit de son épouse. Comme l'autre lui fait remarquer qu'un eunuque ne peut pas avoir de femme, l'autre réfléchit un instant : "C'est peut-être sa fille, alors ?"                              
  •  Un médecin soigne un homme qui souffre des yeux. Tandis qu'il lui applique un onguent sur les yeux, il en profite pour lui voler sa lampe. Le croisant quelques temps plus tard, il l'interpelle : "Comment vont vos yeux?" Et l'autre répond : "Mieux, mais depuis que vous m'avez soigné, je ne vois plus la lampe."
  • Un homme va voir un de ses amis. Une fois devant la maison, il l'appelle par son nom. Un voisin lui dit : "Crie plus fort si tu veux qu'il t'entende." Et l'homme se met alors à crier : "Ohé ! Plus fort !"
  •  Un instituteur demande à sa classe : "Comment appelait-on la mère de Priam ?" Et l'un des élèves, qui n'en sait rien, répond : "Nous en tous cas, par respect, on dit Madame."


Celle-là, je crois que c'est ma préférée ! Et pour finir, voici la favorite de Mary Beard :

  • Un coiffeur, un chauve et un professeur idiot voyagent ensemble. Alors qu'ils s'installent et prennent chacun leur tour de garde pour la nuit, le coiffeur qui s'ennuie décide de raser la tête de notre professeur. Celui-ci se réveille, et tâte son crâne soudain glabre : "Quel idiot ce coiffeur", s'écrit-il, "il a réveillé le chauve au lieu de m'éveiller moi."

Outre l'utilisation de l'humour par l'absurde, Mary Beard juge qu'il "s'agit d'une des meilleures [histoires]. Il y a une résonance avec la question de l'identité... Beaucoup de blagues jouent sur l'idée, évidemment très problématique à l'époque romaine, de savoir qui vous êtes." Elle cite également une autre plaisanterie du même type, qui joue plus ou moins sur le même registre :

  • Deux hommes se rencontrent dans la rue. Le premier dit : "Tiens, on m'avait annoncé que vous étiez mort." L'autre, piqué, rétorque : "Bin, vous voyez que je ne le suis pas : je suis bel et bien vivant." Mais le premier n'en démord pas : "Oui, mais l'homme qui me l'a annoncé est drôlement plus fiable que vous."

"Tu sais, j'aurais été aussi content d'une partie de Monopoly."

                                        Malgré tout, si certaines de ces plaisanteries nous font sourire, nous ne les comprenons pas forcément de la même manière que les Romains. Ainsi, l'histoire suivante :
  • L'ami d'un professeur écervelé lui demande de ramener deux esclaves de 15 ans, de son prochain voyage. Le professeur est d'accord, mais répond : "Si je n'en trouve pas deux jeunes de 15 ans, je t'en ramènerai un de 30 ans."

On la rapproche immédiatement de la bonne vieille blague sexiste, de l'homme qui cherche à échanger sa femme de 50 ans contre deux jeunettes de 25... Selon Mary Beard, ce n'est pas ainsi que les Romains l'entendaient : il s'agirait plutôt d'une plaisanterie sur la réalité des nombres et leur nature, et la problématique de l'abstraction du système numéraire.

                                        A l'instar de cette dernière histoire, il arrive que nous interprétions différemment les plaisanteries de l'antiquité, voire que nous ne les comprenions pas. Certaines blagues font un flop : parce qu'elles font référence à des éléments de civilisation qui nous échappent, qu'elles contiennent des jeux de mots intraduisibles, ou tout simplement parce qu'elles sont mauvaises ! Et oui : les mecs pas drôles, ça existait déjà dans l'Antiquité. Je suis même prête à parier que certains faisaient les marioles avec des histoires de Toto foireuses...



On cherche des lions pour le Cirque Maximus : "Tu vois fiston, c'est à cause d'emplois comme celui-ci que nous avons mauvaise réputation..."
    
                                        Nous voilà désormais fixés : les Romains pouvaient être de sacrés blagueurs. Il n'empêche : le grand orateur Cicéron, le conquérant Jules César, Caligula le sanguinaire, l'Empereur-philosophe Marc Aurèle, Caton le censeur le bien nommé... Est-ce que vous les imaginez, en train de se tordre de rire en écoutant la dernière histoire drôle sur les Abdéritains ?! Pas vraiment, n'est-ce pas ? On cite souvent Crassus, général et homme politique de la fin de la République dont on disait qu'il n'avait ri qu'une seule fois dans toute sa vie - parce qu'il venait de voir un âne brouter des chardons, ce qui lui avait remis en mémoire une citation extraite des "Satires" de Lucilius, selon laquelle "les chardons sont comme de la laitue sur les lèvres d'un âne." (similem habent labra lactucam asino cardus comedente.)

                                        Mais si certains grands personnages romains étaient quelque peu dépourvus d'humour, d'autres en revanche avaient au moins le sens de la formule. Pour ne prendre qu'un exemple, retenons ce bon mot de Cicéron : la scène se déroule lors du procès de Milon, accusé d'avoir assassiné le tristement célèbre Clodius (voir la biographie de Fulvie, ici , pour plus détails sur l'affaire). Cicéron, avocat de Milon, est lui-même interrogé  par l'accusation. Question : quand Clodius est-il mort ? Et Cicéron de répondre : "Sero." Ce qui signifie en Latin "tard", mais aussi "trop tard". Le sel de cette réponse tenant au fait que Clodius est décédé en fin de journée, mais aussi que, de l'avis de Cicéron, on aurait dû être débarrassé de cet énergumène depuis longtemps ! Comme quoi, Cicéron n'était pas toujours un bonnet de nuit. Du reste, il passait pour être l'homme le plus drôle et le plus spirituel de l'Histoire de Rome : après sa mort, ses esclaves avaient même réuni ses meilleures réparties, dans un ouvrage en trois tomes ! Juste pour le plaisir, une autre anecdote que j'apprécie beaucoup : entendant la femme d'un patricien proclamer qu'elle a seulement 30 ans, Cicéron s'exclame "C'est certainement vrai, ça fait plus de 20 ans qu'elle le dit !". Et une dernière, pour la route ! Un jour, qu'il aperçoit son gendre, un homme de petite taille, ceint d'un long glaive, notre philosophe de s'écrier : "Qui a attaché mon gendre à un glaive ?!" Voilà qui nous change un peu des "Catilinaires".

"Voilà. Qui croira que Néron jouait des bongos pendant que Rome brûlait ?"

                                        L'on sait bien, dans nos sociétés modernes, le rôle que peut jouer l'humour dans la sphère politique. Il n'en allait pas autrement à Rome. L'humour était, déjà, un excellent moyen d'attaquer le pouvoir en place. Mais, dans le même temps, il permettait d'asseoir une autorité : le "bon roi", par définition, ne se formalisait pas d'une bonne blague lancée à ses dépens. Par exemple, Jules César accepta volontiers d'être célébré par ses légionnaires, lors de son triomphe, par le chant suivant :
"Citoyens, surveillez vos femmes : nous amenons un adultère chauve / Tu as forniqué en Gaule avec l’or emprunté à Rome."  (Suétone, "Vie de César", LI)

L'Empereur Auguste. (Photo F. Tronchin)
Une autre anecdote, rapportée par Mary Beard dans le Times illustre bien le propos : elle concerne l'Empereur Auguste, dont la tolérance face aux railleries de toutes sortes était encore célébrée quatre siècles après sa mort. Avisant un provincial qui lui ressemblait beaucoup, l'empereur lui demanda si sa mère  avait déjà travaillé au palais. "Non." répondit l'homme. "Par contre, mon père l'a fait." Auguste se contenta de sourire et d'encaisser... De la même manière, le couple qu'il formait avec Livie était l'objet des quolibets : il l'avait épousée alors qu'elle était enceinte de son premier mari. Elle accoucha donc 3 mois après leur union - ce qui faisait dire aux Romains que "les gens heureux ont des enfants après 3 mois de mariage"... (Suétone, "Vie de Claude", I)




                                        Par contre, d'autres personnalités avaient beaucoup de mal à accepter d'être pris pour cibles par les railleurs. Parmi les plus susceptibles, nous retrouvons de vieilles connaissances : Caligula, Domitien, Héliogabale, Commode, etc. Bref, la plupart des Empereurs que la postérité considère comme des fous dangereux ! Reste à savoir si ce manque d'humour n'a pas été inventé par des auteurs ouvertement hostiles à ces Empereurs - et les exemples qu'ils citent sont à prendre avec précaution. Caligula, après la mort de sa sœur bien-aimée Drusilla, aurait par exemple décrété que rire était un crime passible de la peine capitale ! Mais cela n'empêchait pas nos tyrans de jouer, eux, les boute-en-train. Encore leur sens de l'humour était-il, la plupart du temps, assez particulier...

Notre ami Caligula, par exemple. Lisons donc Suétone :
"Dans un splendide festin, il se mit tout à coup à éclater de rire. Les consuls, assis à ses côtés, lui demandèrent avec prudence pourquoi il riait: "C'est que je songe", dit-il, "que, d'un signe de tête, je puis vous faire égorger tous deux." "(Suétone, "Vie de Caligula", XXXII) 
Le même Caligula avait quand même sa tête de turc préférée, en la personne de son oncle Claude - son successeur, qui passait à tort pour un abruti complet. Mais il n'était pas le seul à tourmenter le pauvre homme. C'est encore Suétone qui nous rapporte ces joyeusetés :
"Toutes les fois qu'il s'endormait après le repas, selon sa coutume, on lui jetait des noyaux d'olives et de dattes, ou bien des bouffons se faisaient un jeu d'interrompre son sommeil avec une férule ou un fouet. Quand il ronflait, ils lui mettaient des chaussures de femme dans les mains, afin qu'il s'en frottât le visage en se réveillant en sursaut." (Suétone, "Vie de Claude", VIII)

L'Empereur Héliogabale. (Source : www.britannica.com)
Hilarant, n'est-ce pas ? Domitien et Héliogabale n'étaient pas en reste. Le premier s'amusa un jour à inviter une dizaine de sénateurs dans une salle entièrement tendue de noir, et où se trouvaient autant de cercueils aux noms des convives. Comme on l'imagine, ceux-ci passèrent la soirée à trembler, croyant leur dernière heure venue. Le lendemain, Domitien vint les trouver, et leur expliqua qu'il avait seulement voulu rire... Tu parles d'une rigolade ! Quant au second, il invita un jour huit bossus, huit boiteux, huit sourds, huit maigres, huit gros, dont il se moqua pendant des heures avec ses courtisans. Il aimait aussi asseoir ses invités sur des coussins gonflables, et les regarder disparaître petit à petit sous la table, au fur et à mesure que les coussins se dégonflaient. Un sale gamin, celui-là, qui avait aussi pour manie de jeter l'argenterie par les fenêtres en plein milieu des repas... Aussi ses commensaux les plus prévoyants amenaient-ils  une nappe pour emballer ce qui échappait au massacre.




Commode. (Photo Mary Harrsch)

                                         Mais la palme du mauvais goût revient quand même à Commode. Si l'on en croit l' "Histoire Auguste" , c'est un véritable festival ! Je vous laisse seuls juges : 
"Dans ses jeux même il était cruel : ainsi, parmi les cheveux noirs d'un homme en ayant vu de blancs qui ressemblaient à des vermisseaux, il en approcha un étourneau, qui, croyant donner la chasse à des vers, ne fit bientôt qu'une plaie de la tête de ce malheureux. Il fendit, un jour, le ventre à un homme gras, pour en voir sortir précipitamment les intestins. Il appelait par dérision ses monopodes et ses borgnes ceux à qui il avait fait couper un pied ou crever un œil. Il fit périr partout un grand nombre d'hommes ; les uns parce qu'ils s'étaient présentés devant lui habillés comme les barbares ; les autres parce qu'ils avaient l'air noble et distingué. Il aimait particulièrement ceux qui portaient les noms des parties honteuses des deux sexes, et il les embrassait de préférence. Parmi ses familiers était un homme pourvu d'un énorme membre viril, et qu'il appelait Onon ; il l'enrichit, et le fit grand prêtre d'Hercule des champs." (Histoire Auguste - "Vie de Commode Antonin", X)
Vous pensez qu'on a touché le fond ?! Et bien non !
"On dit qu'il mêla souvent des excréments humains aux mets les plus recherchés, et même qu'il en goûta, pour se donner le plaisir, en croyant tromper ses convives, de leur en voir manger. Il se fit servir sur un plat d'argent deux bossus tout rabougris et couverts de moutarde, et il leur donna aussitôt des dignités et des richesses. Il fit jeter dans un vivier, en présence de tous les officiers du palais, et avec sa toge, le préfet du prétoire Julien. Il le força aussi à danser nu devant ses concubines, en jouant de la cymbale et le visage barbouillé. (...)  Parfois aussi, faisant le médecin, il saignait jusqu'à la mort ceux qui se disaient malades."  (Ibid.)
En même temps, je répète que ces anecdotes proviennent de l' "Histoire Auguste", ce qui les rend hautement improbables, l'ouvrage étant généralement considéré au mieux comme peu fiable, au pire comme une imposture pure et simple.

Néanmoins, Dion Cassius, contemporain de notre pote Commode - et accessoirement, auteur nettement plus crédible - rapporte dans son "Histoire Romaine" l'une des distractions de l'Empereur : "d'autres fois, armé d'un rasoir, sous prétexte de leur tailler les cheveux, il coupait le nez aux uns, aux autres une oreille, aux autres une autre partie."  (Dion Cassius, "Histoire Romaine", T.2 ; 72 - 17) De quoi accréditer la thèse d'un humour assez macabre... Et, finalement, je me dis que mes blagues de Toto ne font de mal à personne !

Buste de Vespasien. (Photo Mary Harrsch)

                                          Je ne voudrais pas que vous quittiez ce blog en gardant en mémoire les tristes agissements de Commode : tous les empereurs romains n'étaient pas aussi déjantés ! De l'avis général, Vespasien reste sans conteste l'un des plus drôles. On retient bien sûr le célèbre "l'argent n'a pas d'odeur", phrase qu'il lança à son fils Titus alors que celui-ci se plaignait de l'instauration d'une nouvelle taxe sur la collecte des urines pour les tanneries. Mais Vespasien n'était jamais avare de bons mots, et plusieurs de ses saillies et de ses réparties sont parvenues jusqu'à nous.La "Vie d'Apollonius" de Philostrate ou l' "Histoire Romaine" de Dion Cassius en regorgent, mais je terminerai en citant un extrait de la "Vie de Vespasien" de mon copain Suétone :
"Des députés étaient venus lui annoncer que leurs concitoyens lui avaient décerné une statue colossale d'un prix considérable, il dit, en leur montrant le creux de sa main : «Qu'on la pose donc ici, le piédestal est prêt». La crainte même de la mort ni les approches de ce moment fatal ne purent l'empêcher de plaisanter. Entre autres prodiges qui annoncèrent sa fin, le Mausolée s'ouvrit tout à coup, et une étoile chevelue parut dans le ciel : il prétendit que le premier de ces présages regardait Junia Calvina, qui était de la race d'Auguste, et que l'autre concernait le roi des Parthes, qui avait une longue chevelure. [alors que lui-même était dégarni] Il dit, au début de sa dernière maladie : «Hélas ! je crois que je deviens dieu». [en référence à l'apothéose, of course]" (Suétone, "Vie de Vespasien", XIII.)

Alors, certes, l'Histoire romaine est remplie de guerres, de complots et de meurtres, mais même dans les textes antiques, on trouve matière à sourire...


Pour ceux que le sujet intéresse, voici les références du livre cité en première partie de ce billet :

"Va te marrer chez les Grecs (Philogelos)" de  Arnaud Zucker, éditions des Mille et une Nuits - 3 euros. - lien 


Sources consultées : Nouvel Observateur (09/2009), L'Express (12/2009)



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