mardi 24 avril 2012

Dossiers d'Archéologie : Sexe à Rome, au-delà des idées reçues.

                                        Dans mon dernier billet, je crains de m'être montrée un peu sérieuse, voire un peu austère... C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, je vais vous parler de SEXE !
                                        Bien. Maintenant que je suis certaine d'avoir toute votre attention, laissez-moi préciser mon propos : je vais vous présenter, ainsi que je le fais maintenant régulièrement, un magazine consacré à l'Antiquité romaine, et plus précisément à la vie sexuelle des romains. Les "Dossiers d'Archéologie" y consacrent en effet leur hors série du mois d'Avril, et je ne pouvais évidemment pas passer à côté !



                                         Le sexe à Rome : vaste sujet, qu'il n'est pas évident de traiter. L'une des raisons majeure vient de ce que la sexualité dans l'Antiquité suscite souvent bon nombres de préjugés et de fantasmes, largement nourris d'idées reçues et d'images véhiculées, notamment, par les péplums : rien qu'entre "Quo Vadis" et "Caligula", on est servis ! Nous sommes, de plus et quoi que nous en disions, marqués par une morale judéo-chrétienne qui a façonné toute notre façon de penser et a , de fait, forcément affecté notre regard et celui de nos prédécesseurs sur les pratiques antiques. Ainsi, c'est toute l'idée que nous avons des mœurs et du concept même de sexualité à Rome qu'il nous faut repenser. Adultère, pédophilie, homosexualité : autant de notions qui, si tant est qu'elles existent, prennent une autre acception dans la culture romaine.
                                         Reprenons l'exemple de l'homosexualité, concept qui n'existait pas en tant que tel - pas plus, d'ailleurs, que celui d'hétérosexualité ou de bisexualité : avec un homme ou avec une femme, un citoyen romain respectable se doit d'être le dominant, l'actif du couple... Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Notons d'ailleurs qu'il n'existait aucun équivalent de notre terme "sexualité" - ce qui, franchement, complique encore un peu les choses !
                                         Souvent représentés comme des êtres lascifs à la sexualité débridée, il apparaît en fait que les Romains se faisaient une tout autre idée de l'immoralité et de la vertu, et que si la notion de péché leur était inconnue (merci le christianisme !), un certain nombre de règles  déterminait le comportement attendu de la part d'un citoyen - des règles de tempérance, de maîtrise de soi, délimitant clairement l'espace du plaisir et celui des devoirs.
                                          Tout le mode de pensée des romains sur le sujet nous est étranger : il nous faut oublier tout ce que nous croyions savoir, faire abstraction de notre propre conception de la morale pour pouvoir espérer appréhender ce vaste sujet. C'est à cela que nous invite le hors-série au fil d'articles riches et variés. De la littérature érotique à la prostitution en passant par la figure mythologique de Priape ou le statut des femmes, de nombreux spécialistes abordent, dans un langage clair et précis, la plupart des sujets - y compris les amours entre femmes, thème rarement abordé. De nombreuses illustrations enrichissent ce dossier : largement décryptées, en particulier dans leurs sous-entendus, elles donnent une idée plus précise encore de la place de la sexualité dans la société romaine. Ainsi, les messages érotiques et les graffiti sexuels retrouvés dans la partie Gallo-romaine de l'Empire offrent-ils un aperçu des jeux de mots, des images et des pratiques - et plus exactement de ce qu'elles véhiculaient dans la mentalité des Romains. De même, les objets de la vie quotidienne figurant un phallus ou à l'effigie de Priape ou de créatures dionysaques témoignent de l'aspect prophylactique de ces représentations - bien loin de l'obsession pour le sexe que l'on a souvent voulu y voir.
                                          Au final, je risque d'en décevoir certains car il n'y a rien de choquant ni même de graveleux dans ce magazine - bien que, je vous le concède, certaines illustrations ou certains propos puissent paraître crus aux yeux les plus chastes ! Mais, sans jamais tomber dans l’exhibitionnisme, la revue traite intelligemment d'une thématique rarement abordée avec autant de sérieux, et elle est absolument passionnante du début à la fin. Certes, vous m'objecterez qu'elle est un peu chère - surtout, me direz-vous, qu'elle ne compte que 80 pages. Et bien je vous répondrais que, comme dans bien d'autres domaine, la taille n'est pas le plus important...

Dossiers d'Archéologie : Sexe à Rome, au-delà des idées reçues. - Hors Série n°22 - Avril 2012 - 9 euros. Voir le lien.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ce magnifique blog
un vrai plaisir de vous lire régulièrement
un grd bravo et surtout continuée longtemps

FL a dit…

Merci beaucoup ! C'est vraiment gentil, et ça me va droit au cœur. J'espère que je continuerai à vous intéresser...