C'est pourtant ce que se propose de faire le dernier numéro de la revue Histoire Antique & Médiévale, intitulé : "La République romaine : les guerres civiles, le reflet de la conquête." Dans un premier temps, elle tente d'apporter une éclairage sur ce problème de définition, en explorant l'idée que se faisaient les anciens des conflits civils, et en remettant en perspective les différentes conceptions existant alors en Grèce et à Rome. Ainsi, la frontière entre guerre civile et guerre extérieure, nettement marquée en Grèce, se révèle-t-elle beaucoup plus floue pour les Romains - César combattant Pompée en Espagne en étant une parfaite illustration. Textes antiques et exemples à l'appui, le magazine parvient à clarifier suffisamment la situation pour rendre la problématique plus intelligible.
Puis, dans une progression chronologique, il s'attache à traiter le thème en profondeur, en commençant par un article passionnant sur la formation de la société romaine, de la création de l'Urbs par Romulus jusqu'à la naissance de la république. Des premières familles patriciennes à la formation de la plèbe, de l'origine de la clientèle à la création du tribunat de la plèbe, jusqu'à l'abolition de la royauté, chaque paragraphe aborde de façon claire mais néanmoins détaillée chacun des aspects, des points forts et des faiblesses des classes sociales dont la lutte intestine allait atteindre son apogée sous la République.
Buste de Marius. (Musées du Vatican) |
Probable buste de Sylla. (Museo della civilita romana, Rome.) |
devenaient inévitables : la fin de la République ne fut d'ailleurs qu'une longue série de guerres civiles - celles dont j'ai parlé dans mon introduction - qui aboutirent à la mort du régime. Il faudra attendre la victoire d'Octave sur Marc Antoine, lors de la bataille d'Actium (31 avant J.C.), pour que Rome retrouve la paix, grâce à la fondation du principat, qui instituait une forme de royauté tout en conservant les apparences de la République - réussissant là où César avait échoué. En guise de conclusion, le magazine nous offre un point de vue saisissant sur ce que la conception du principat doit à la pensée philosophique de Cicéron : tout simplement brillant !
Cette revue, toujours excellente, nous offre ce moi-ci l'un de ces meilleurs numéros. Battant en brèche les idées reçues sur les guerres civiles romaines, elle les aborde dans une plus large perspective, les intégrant dans l'Histoire romaine de façon à en expliquer les origines, les épisodes, les conséquences, etc. Le tout avec une grande subtilité, un luxe de détails et une simplicité qui rend la lecture aussi enrichissante qu'accessible. Les éditions Faton, de toute évidence, prêtent à leur lectorat une culture et une intelligence pour le moins flatteuses : on ne vous prend pas pour des idiots, et on essaie de vous tirer par le haut. Certaines ellipses ou raccourcis pourront déconcerter ceux qui ne sont pas familiers de l'Histoire romaine, mais leur compréhension n'en sera pas pour autant entravée. Des illustrations pertinentes et des sources largement citées complètement un formidable dossier, qui donne envie de se plonger dans les textes auxquels il renvoie. De Romulus à Auguste, voici donc une vue d'ensemble d'un sujet fort complexe, rendu accessible par de talentueux auteurs. S'il existe des livres sur le sujet, cette publication leur tient la dragée haute, et je ne saurais trop vous recommander de vous précipiter chez votre marchand de journaux... et de prolonger la lecture de ce dossier par celle de "De Re Publica" de Cicéron, tant que vous y êtes !
Histoire Antique & Médiévale - Hors-série n°31 - Juin 2012.
7 euros 50 - éditions Faton - lien .
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