dimanche 5 octobre 2014

Plaute : Le rire est le propre de l'homme.


                              Si vous parcourez régulièrement ce blog, vous savez sans doute que je suis une lectrice compulsive. Le style, l'époque, le genre m'importent peu, et je dévore tout ce qui me tombe sous les yeux : grands classiques de la littérature, polars, romans contemporains, sagas historiques, essais, biographies, documents, correspondance, poésie... Et théâtre. Mais là, j'ai un problème : je suis incapable de lire une pièce en silence ! Je suis obligée de déclamer, exactement comme si j'étais sur scène (même si j'y mets un peu moins d'emphase et de vigueur - histoire que mes voisins ne me prennent pas pour une échappée d'asile), pour saisir tout l'impact des mots prononcés, le rythme du texte, la force des non-dits, la nature des intonations, etc.

                              Tout ceci est encore plus vrai avec le théâtre romain car, au contraire des pièces plus récentes (y compris Shakespeare ou Corneille, qui ne datent pourtant pas d'hier !), nous ignorons quasiment tout du contexte des représentations : quelles musiques accompagnaient les textes chantés ? A quoi ressemblaient les décors ? La mise en scène ? Quels sont les sous-entendus, compréhensibles des Romains mais probablement plus obscurs pour un lecteur actuel ? C'est donc un exercice un peu frustrant que de lire une pièce latine - à voix haute ou pas. L'imagination, aussi fertile soit-elle, ne peut rendre complètement la représentation théâtrale dans la Rome antique. Malgré tout, certaines pièces fonctionnent encore admirablement bien et donnent toute la mesure du talent de leurs auteurs. Et quand on aborde le théâtre latin, il apparaît vite que deux noms éclipsent tous les autres : Plaute et Térence. De ces deux grands auteurs comiques à peu près contemporains (Fin du IIIème / début du IIème siècle avant J.C.), le premier vous est sans doute le plus connu, que vous en ayez conscience ou non : la faute à Molière, qui s'est largement inspiré de ses œuvres. C'est donc de Plaute que je vais vous parler aujourd'hui - sans toutefois détailler chacune de ses pièces, qui feront peut-être l'objet d'articles spécifiques.


VIE DE PLAUTE.


                              On ne sait pas grand-chose de la vie de Plaute. Titus Maccius Plautus est né aux alentours de 255 avant J.C., dans un petit village de montagne appelé Sarsina, en Ombrie. Il le quitte apparemment très jeune, peut-être pour rejoindre une troupe de théâtre itinérante, comme celles qui parcouraient l'Italie d'un village à l'autre pour y jouer des farces et des pièces légères. Il se rend ensuite à Rome, avec l'ambition de faire carrière dans les métiers de la scène. Plaute commence vraisemblablement par travailler comme charpentier ou machiniste, avant de faire ses débuts d'acteur. Il prend alors le nom sous lequel on le connaît, Maccius Plautus : le premier terme ("la mâchoire") désigne traditionnellement le goinfre, personnage typique des farces populaires, et Plautus ("pied-plat") renvoie aux acteurs de comédies, qui portent des sandales contrairement aux acteurs de tragédies, chaussés de cothurnes, à semelles épaisses.

Portrait imaginaire de Plaute.

                              Nous savons qu'à un moment donné, Plaute a intégré l'armée romaine et a voyagé dans le Sud de l'Italie, imprégnée de culture hellénistique. On sait aussi que vers l'âge de 45 ans, il se lance dans le commerce maritime mais, ayant fait faillite, il est réduit à la misère et travaille alors comme meunier chez un boulanger. Or, les traductions de comédies grecques sont la grande mode à Rome : ce sont précisément ces comédies, et plus particulièrement celles de Ménandre (fin du IVème s. avant J.C.), que Plaute a eu tout le loisir de découvrir, au cours de ses activités militaires et commerciales.  Sans le moindre sou en poche, il décide alors de s'essayer à l'écriture de pièces de théâtre à la grecque, mais adaptées à un public romain. Il écrit ses premières pièces, Addictus et Saturio, alors qu'il travaille encore comme meunier.
"Trois comédies de Plaute, celle qu'il a intitulées Saturion et Addictus, et une autre dont le nom m'échappe, furent composées au moulin, au rapport de Varron et de plusieurs autres, qui racontent que le poète ayant perdu dans des entreprises de négoce tout l'argent qu'il avait gagné au théâtre, et se trouvant, à son retour à Rome, dans le plus complet dénuement, fut obligé, pour gagner sa vie, de se louer à un boulanger, qui remploya à tourner une de ces meules qu'on fait mouvoir à bras." (Aulu-Gelle, "Nuits Attiques", III - 3.)

                              Plaute, qui nourrit les modèles grecs de sa verve et de ses propres expériences,trouve le ton juste pour dynamiser les pièces dont il s'inspire : le succès est immédiat et ne se démentira jamais, au point que l'on accourt dans les théâtres à al seule mention de son nom. Se consacrant désormais exclusivement à l'écriture, il aurait rédigé au total, selon Varron, approximativement 130 pièces (chiffre sujet à débat, y compris chez les auteurs latins), jouées à partir de 212 avant J.C. et principalement créées dans les 10 dernières années de sa vie. 21 de ses œuvres nous sont parvenues. Plus tard élevé au rang de citoyen romain, Plaute prend officiellement le nom qu'il avait adopté. Il meurt en 184 avant J.C., et a lui-même composé son épitaphe : "Après la mort de Plaute, la Comédie est en larmes, La Scène est déserte, le Rire, la Facétie et le Divertissement, Les Rythmes innombrables tous ensemble se sont mis à pleurer."

Ménandre tenant un masque comique. (©D. & M. Hill via Flickr.)


PLAUTE ET LA NOUVELLE COMÉDIE GRECQUE.


                              Que sont donc ces pièces grecques, en vogue à l'époque de Plaute ? Ce sont celles de la Nouvelle Comédie (Nea), par opposition à l'Ancienne Comédie dont Aristophane est l'un des plus illustres représentants, et qui met en scène des satires politiques traitant de l'actualité. A contrario, la Nouvelle Comédie se penche sur le cadre de la vie privée où se déroulent des intrigues qui se veulent réalistes sur le plan social et psychologique - mais qui, jalonnées de péripéties et de rebondissements aboutissant toujours à une conclusion heureuse, manquent parfois totalement de vraisemblance. 


                              Ces œuvres, proches de notre théâtre de boulevard, sont donc traduites ou plutôt "adaptées" par des auteurs latins qui y glissent des connotations plus proches de la mentalité romaine, voire mélangent plusieurs intrigues entre elles. Toutefois, les spécialistes supposent que la pièce demeure marquée par son origine grecque : le décor reste le même, on joue en pallium (manteau grec - d'où le nom de fabulae palliatae donnée à ces représentations), les noms et les coutumes sont grecs. Au final, c'est donc une Grèce caricaturale, dépouillée de toute notion philosophique ou politique, que vont voir les spectateurs qui se moquent de ces pauvres hellènes, personnages futiles et cocasses.



LE STYLE DE PLAUTE : LE FOND ET LA FORME.


                              Comme nombre de ses contemporains, Plaute emprunte donc ses intrigues, ses scènes, ses personnages et probablement une large part de ses dialogues à ces comédies. Mais il les traite avec plus d'originalité et de liberté que ces collègues, les transposant dans le cadre qu'il connaît (camp militaire, forum, ville d'Italie, etc.) et s'inspirant des farces qu'il jouait lui-même étant plus jeune. On peut par exemple remarquer que les pièces de Plaute portent des titres latins, tandis que Térence conserve un titre grec. Et si les personnages de Plaute sont sensés être Grecs, ils agissent exactement comme le feraient des Romains ! On trouve de fréquentes allusions aux magistratures romaines, au Sénat ou aux comices, et les dialogues incluent des proverbes et des expressions latines.

                              Dans les pièces de Plaute, on retrouve toujours plus ou moins le même thème, servi par une intrigue relativement similaire : en général, un jeune homme bien né s'éprend d'une jolie courtisane et tente de la racheter à un maquereau récalcitrant, tout en affrontant son père qui refuse de le voir dilapider l'héritage familial pour une gourgandine ; il se tourne alors vers un esclave futé, qui trouve immanquablement une ruse quelconque pour que, au final, les tourtereaux soient réunis. A partir de là, on introduit des péripéties diverses et variées.

"Asinaria". (Gravure de Jan Goeree - Via Université d'Aix-Marseille.)

                              Les personnages sont aussi construits sur le même moule d'une farce à l'autre. L'esclave est aussi retors et astucieux que le jeune homme est niais et inoffensif ; la jeune femme ne s’embarrasse guère de sentiments mais, cynique et rusée, elle est pleine de ressources ; le père a tout d'un Caton austère et avare. Encore lui arrive-t-il de s'éprendre à son tour de la jeune héroïne, comme c'est le cas dans l'Asinaria ("L'ânerie"), Casina ou les Bacchis. Dans le premier cas, le père consent aux lubies de son fils en échange d'une nuit avec la belle ; dans le deuxième, il dispute la courtisane à son fils ; dans le dernier, deux jumelles (les deux Bacchis) séduisent les pères après voir charmés les fils. Mais peu importe les détours et les rebondissements, puisque tout s'arrange forcément à la fin...

                              Aucune moralité chez Plaute, donc. Mais aucune immoralité non plus : ses pièces sont provocantes, mais pas davantage que notre théâtre de boulevard où l'adultère est un des ressorts de l'intrigue. Plaute ne cherche pas la subversion, ses œuvres sont simplement amorales, dans le sens où elles n'ont d'autre but que de divertir un public qui vient pour s'amuser et rire de situations qu'il jugerait intolérables dans la vie réelle...

Masques de tragédie et de comédie. (Mosaïque de la Villa Hadriana.)

                              On dresse souvent un parallèle entre Plaute et Molière - nous en reparlerons brièvement. Certes, le second a largement puisé dans le répertoire du premier, et ils ont tous les deux menés une double carrière d'acteurs et d'auteurs. Mais la comparaison a ses limites : quand Molière écrit pour la noblesse et pour la cour, Plaute s'adresse à un public populaire, aux marchands et à la "classe moyenne". Ses pièces, proches des sujets d'intérêt du peuple qu'indifférent les questions politiques, visent à divertir : l'objectif est avant tout de faire rire - à tout prix, en enchaînant les péripéties, les gags, les jeux de mots, et même des chansons et des scènes dansées. S'il évoque quelquefois des évènements récents de l'actualité romaine et met en scène une opposition entre riches et pauvres, la critique sociale ou politique n'est pas le but poursuivi par Plaute : il ne s'en sert que pour contextualiser ses intrigues, les ancrer dans le présent et dans le quotidien de son public.

                                On a aussi parfois voulu voir une certaine "idéologie" chez Plaute qui, au choix, dénoncerait dans ses pièces l'héllénisation de la société romaine ou mettrait en avant l'humanité des esclaves auxquels il réserve un rôle positif puisque ce sont toujours des personnages malins, réactifs, et dont les roueries sont le plus souvent couronnées de succès. Personnellement, cette double lecture me semble abusive : n'oublions que Plaute puise lui-même dans la culture grecque. En ce qui concerne les esclaves, les Romains n'hésitaient pas à leur confier leurs comptes, l'éducation de leurs enfants ou la gestion de leurs propriétés, reconnaissant donc leurs mérites. Enfin, l'esclave n'est pas considéré comme un être inférieur au sens où il le sera, par exemple, lors de la traite des Noirs :  l'affranchissement montre bien que l'inégalité naît de la condition, non de l'essence intrinsèque. En bref, je crois vraiment qu'il est illusoire de chercher chez Plaute une critique sociale ou politique de fond, qui traverserait l'ensemble de ses pièces...

Scène des "Captifs" (©BNF.)


                              Si ses pièces sont souvent construites sur le même canevas, Plaute se permet parfois de changer de sujet. C'est le cas dans Mostellaria ("Le Fantôme"), où un esclave a profité de l'absence de son maître pour vendre sa maison, et tente de le dissuader d'y pénétrer en lui expliquant qu'elle est hantée. Dans Captivi ("Les Captifs"), aucun personnage féminin : deux prisonniers de guerre, un maître et un esclave, échangent leur identité - sans savoir que le maître devenu esclave est en fait le fils de celui qui les tient captifs. Cistellaria ("La Cassette"), d'après Ménandre, est une pièce étrangement sentimentale pour Plaute puisqu’elle met en scène une courtisane vertueuse, dont la véritable identité est révélée grâce à un coffret contenant ses jouets d'enfants. Amphitryo ("Amphitryon") se rattache à la mythologie et narre comment Jupiter, amoureux d'Alcmène, prend l'apparence de son mari Amphitryon pour la séduire. Menaechmi (Les Ménechmes) enfin montre deux jumeaux séparés dans l'enfance : l'un d'eux arrive à Epidaure, où l'autre a été enlevé par des pirates, et leur ressemblance provoque une série de quiproquos. (Le rôle des deux frères, qui ne se rencontrent jamais, étant interprété par un seul acteur.)


                              Reste que toutes ces pièces sont en général construites de telle sorte qu'elles mettent en avant un stéréotype : outre l'esclave rusé, le proxénète âpre au gain ou la courtisane, on rencontre ainsi le parasite qui vit aux crochets de son maître ou de son patron (Curculio  - "le charançon" ou "Les Ménechmes."), l'avare (Aulularia - "La Marmite", dont s'inspirera évidemment Molière), l'homme d'affaires syrien, le vantard (Miles Gloriosus - "Le Soldat Fanfaron" - où un jeune homme voit la courtisane dont il est épris rachetée par un mercenaire bravache, et tente de la récupérer avec l'aide d'un esclave forcément madré...), ou encore le marchand oriental (Poenulus - "Le Petit Carthaginois" - avec son incroyable tirade en pastiche "carthaginois".)  

Affiche d'une représentation du "Miles Gloriosus".

                              Le pastiche, la parodie, la verve... Il n'y a pas chez Plaute la subtile ironie d'un Térence, mais sa grande particularité réside justement dans l'emploi de jeux de mots et de calembours, d'allitérations, etc - qui sont d'ailleurs souvent difficiles à traduire. Il n'hésite pas à inventer des mots, utiliser des métaphores tirées du domaine militaire ou du commerce, ou à créer des expressions imagées, et il dessine des personnages hauts en couleurs, truculents et pleins de verve, qui ne sont pas sans évoquer un Escartefigue ou un César (!!), sortis de la Trilogie Marseillaise d'un Pagnol. Nombreuses sont d'ailleurs les expressions tirées de ses pièces qui sont passées dans le langage courant. En vrac : "Quand on parle du loup", "L'homme est un loup pour l'homme", "Les faits parlent d'eux-mêmes", "Faites contre mauvaise fortune bon cœur", "Il faut battre le fer tant qu'il est chaud", etc. Dynamisant ses intrigues par des dialogues vifs et ingénieux, Plaute innove aussi par rapport à la comédie grecque en y insérant des monologues, souvent lyriques, qui prennent en quelque sorte la place des chœurs originaux et mettent l'accent sur les pensées d'un personnage, et en accentuant des scènes chantées et dansées, qui confèrent plus de variété au spectacle.

Chorèges et acteurs se préparant à entrer en scène. (Mosaïque - Pompéi - ©Jastrow via wikipedia.)



                              Plaute était considéré par ses contemporains comme l'un des plus grands auteurs de théâtre, et il demeure encore aujourd'hui l'un des plus prolifiques et remarquables. Grâce à lui, la comédie latine a atteint sa maturité en quelques années seulement, ce qui contraste singulièrement avec le reste de la littérature romaine, beaucoup plus lente à se mettre en place.  La popularité de Plaute était immense à Rome, de son vivant mais aussi auprès des générations suivantes - au point que ses pièces étaient encore jouées du temps de Cicéron, qui était un grand admirateur. Un peu délaissé au cours du Ier siècle, il revient à la mode au siècle suivant et ses œuvres, ainsi préservées, seront conservées jusqu'au Moyen-Âge et à la Renaissance, où elles seront redécouvertes.


Gravure du XVIème s. représentant une pièce de théâtre romaine.

                              Ses pièces ont depuis inspiré plusieurs auteurs, et non des moindres. Pour ne citer que les plus connus, Shakespeare a adapté Menaechmii (devenu "La Comédie Des Erreurs"), Giraudoux a tiré son "Amphitryon 38" de la pièce éponyme, et Molière s'est largement inspiré de Plaute pour son propre "Amphitryon", son "Avare" et ses "Fourberies de Scapin". Certes, les comédies de Plaute offrent une image, un  instantané de la vie à Rome à son époque, et peut-être plus encore d'un état d'esprit spécifique, qui se dévoile dans les outrances et les exagérations propres aux farces et au théâtre en général. L'auteur est parvenu, en reprenant les grandes lignes des comédies attiques et leurs personnages, et en les adaptant légèrement, à les faire coïncider avec un environnement et une société dans lesquels son public pouvait se retrouver.


"Les comédies de Plaute." (XVIIème s. - via Tate Museum.)

                              Mais c'est surtout grâce au dynamisme, à la vie qu'il insuffle à ses intrigues, par le biais de rebondissements sans temps mort, d'un langage inventif et d'un style pétillant, qu'il a dépassé le modèle grec, en touchant à l'universalité de la condition humaine. Ses personnages stéréotypés ont encore aujourd'hui quelque chose de familier, ses jeunes amoureux que les astuces (pas toujours honnêtes) d'un esclave permettent de réunir en dépit de l'opposition paternelle, son comique de situation et la verve de ses répliques : chez Plaute, tout ou presque fonctionne à merveille, quelle que soit l'époque ou le lieu. Voilà pourquoi Shakespeare et Molière n'ont pas hésité à puiser dans son œuvre, hommage des deux plus grands dramaturges de l'époque moderne à l'un des plus grands auteurs (si ce n'est le plus grand) de théâtre de l'Antiquité.


2 commentaires:

Mounir a dit…

Re-bonsoir (c'est l'amateur de l'histoire romaine peu studieux)

Intéressant article! C'est fascinant de constater qu'à plus de deux mille ans d'écart, on retrouve les mêmes stéréotypes. L'avare, le soudard et le levantin qui fait des affaires.
Concernant ce dernier, on peut penser que les Carthaginois et les Syriens ont cédé leur place à l'image de l'Emirati bourré de pétro-dollars dans nos films actuels.
Bonne continuation!

FL a dit…

Vous pensez que les hommes d'affaires syriens de Plaute auraient investi dans des clubs de foot ? (Ou dans des écuries d'auriges, plutôt...) C'est fort possible ! J'abonde en tous cas dans votre sens en ce qui concerne les stéréotypes - pour le meilleur ou pour le pire, ils sont récurrents, encore aujourd'hui.