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Comme vous l'avez remarqué, il ne manque que le J, le U, le W et le Y. A noter que, dans les inscriptions latines, le I était également utilisé pour la lettre J, et le V pour la lettre U.
La trace la plus ancienne en langue latine date du VIIème siècle avant J.C. L'alphabet latin a été constitué à partir de signes grecs et étrusques - dont l'alphabet s'inspirait déjà largement de celui des Grecs. Nous avons peu ou prou conservé le même système, plusieurs siècles plus tard.
Rome, au fil des siècles, n'a cessé de se développer et de conquérir de nouveaux territoires, repoussant sans cesse ses frontières, de la Bretagne à l'Afrique et de la péninsule ibérique à, grosso modo, l'Iran actuel et la Germanie. Inévitablement se pose la question de la langue : comment gouverner un empire aussi vaste, où sont parlées des multitudes de langues différentes ? Et bien, les Romains n'ont jamais tenté d'éradiquer les idiomes locaux : ils se sont contentés de les ignorer, et de "s'arranger" pour que le Latin devienne indispensable aux élites autochtones.
Pièces romaines (représentant la tête de Minerve et la louve) |
Pour autant, il ne faut pas imaginer que le Latin parlé au fin fond de la Gaule ou de la Lusitanie était celui d'un Caton ou d'un Cicéron ! Le Latin utilisé par les colons, les soldats, les autochtones, était bien différent du Latin littéraire. En marge de ce Latin classique, un Latin plus populaire s'est développé : essentiellement oral, il est progressivement employé par les scribes ou les clercs lors de rédaction d'actes civils et a gagné en influence - au point, selon certain, d'avoir perverti la langue jusqu'à Rome ! Il sert également de vecteur au Christianisme, qui touche en premier lieu les plus pauvres et les classes modestes, et se sert donc de ce Latin "du peuple" pour transmettre son message. Devenu langue de l’Église, c'est ainsi que ce Latin populaire perdurera, survivant à la chute de Rome - et qu'il donnera naissance aux langues telles que l'Espagnol, le Français, le Roumain, etc.
Ainsi, une certaine unité linguistique s'installe dans tout l'Empire, le Latin côtoyant les différentes langues vernaculaires. Seul le Grec résiste à cette hégémonie : il demeure utilisé en Orient, tandis que toute la partie occidentale utilise le Latin. Ainsi, les documents étaient systématiquement traduits à l'intention des provinces hellénophones, et les courriers adressés aux cités grecques étaient rédigés dans leur langue.
De fait, le Grec jouissait d'un grand prestige au sein des élites romaines, qui se devaient d'être parfaitement bilingues. Langue de la littérature et de la philosophie, elle était enseignée aux enfants des grandes familles, souvent avant même le Latin, de sorte que les esclaves hellénophones étaient particulièrement recherchés. Par ailleurs, tout cursus scolaire digne de ce nom incluait obligatoirement quelques mois passés en Grèce - tout comme aujourd'hui, nos étudiants les plus privilégiés partent étudier quelques semestres dans des universités anglaises ou américaines... Mais nous aurons l'occasion d'approfondir le sujet un de ces jours !
Bref, pour résumer, si vous aviez vécu dans la Rome antique, vous auriez pu parcourir la totalité de l'Empire et vous débrouiller en ne maîtrisant que deux langues : le Latin et le Grec ! Alors que maintenant, il vous faudrait parler Italien, Français, Allemand, Portugais, Arabe, Turc, Roumain, Grec... Avouez que c'était quand même plus pratique ! Évidemment, cette diffusion du Latin dans les territoires conquis visait surtout à imposer la domination romaine, et pas tellement à faciliter le tourisme... Mais de cela aussi, nous en reparlerons à l'occasion - mais pas en Latin, promis !
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